Mandela Day l'Afrique du Sud libre et multiraciale honore son fondateur Le 18 juillet 2011, Mandela avait 93 ans. Cet anniversaire a Ă©tĂ© fĂȘtĂ© par la nation sud-africaine toute entiĂšre. Dans toutes les Ă©coles du pays, plus de 12 millions d'enfants ont chantĂ© un "joyeux anniversaire" spĂ©cial, africanisĂ© pour l'occasion. Radios et tĂ©lĂ©visions transmettaient la chanson, que tous les habitants du pays Ă©taient invitĂ©s Ă reprendre en coeur. L'Ă©vĂ©nement a une dimension nationale c'est la fondation Madiba surnom donnĂ© au prĂ©sident Nelson Mandela qui a fait du 18 juillet une fĂȘte nationale. En 2009, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations Unies, Ban Ki-Moon a donnĂ© Ă cet Ă©vĂ©nement une portĂ©e internationale, en souhaitant que tous rĂ©pondent Ă l'appel lancĂ© par l'ONU de consacrer 67 minutes de son temps - 67, pour les 67 annĂ©es consacrĂ©es par Mandela Ă son combat politique pour une Afrique du sud multiraciale et tolĂ©rante - Ă aider ses semblables. "Chacun se souvient d'une figure inspiratrice qui a jouĂ© un rĂŽle important dans sa vie ... La meilleure maniĂšre de remercier Nelson Mandela pour son travail, c'est en agissant ensemble pour les autres et inspirer le changement" a-t-il dĂ©clarĂ©. Dans le cadre d'opĂ©rations souvent parrainĂ©es par les mĂ©dias ou les syndicats, de nombreux sud-africains ont ainsi Ă©tĂ© appelĂ©s Ă nettoyer ou repeindre Ă©coles, hospices et orphelinats, Ă rĂ©parer des cabanes dĂ©labrĂ©es dans les bidonvilles, Ă distribuer des colis aux plus dĂ©munis... Le combat contre l'apartheid, le combat d'une vie Nelson Rolihpahla Mandela, fils d'un chef de la tribu des Thembu, est nĂ© le 18 juillet 1918 dans l'ancien bantoustan du Transkei province du Cap oriental. L'Afrique du sud est alors un dominion britannique, dans lequel les conflits sont encore vifs entre afrikaners descendants des colons hollandais et anglophones descendants des colons anglais. Une autre ligne de clivage oppose les blancs aux hommes de couleurs noirs, mĂ©tis, indiens, qui sont victimes dĂšs 1912 de lois organisant la sĂ©grĂ©gation raciale. En particulier, le Native's Land Act 1913 limite les droits de propriĂ©tĂ© des Africains. Cette situation est dĂ©noncĂ©e par une formation politique reprĂ©sentant la bourgeoisie noire, créée dĂšs 1912, le SANNC qui deviendra l'ANC African National Congress. DiplĂŽmĂ© en droit universitĂ© de Johannesburg, Mandela crĂ©e avec Olivier Tambo le premier cabinet d'avocats noirs d'Afrique du Sud. Il s'engage par ailleurs en politique, en rejoignant dĂšs 1942 les rangs des militants de l'ANC, structure qu'il dote d'une nouvelle formation la ligue de la jeunesse de l'ANC Youth League. Les jeunes de l'ANC, Mandela et Tambo en tĂȘte, prennent rapidement la tĂȘte d'un mouvement jusqu'alors modĂ©rĂ©. Le combat pour une Afrique libĂ©rĂ©e des lois sĂ©grĂ©gatives va devenir un combat de tous les instants avec l'arrivĂ©e au pouvoir des afrikaners qui instaurent l'apartheid, un rĂ©gime de sĂ©grĂ©gation d'Etat apartheid signifie en afrikaans "Vivre Ă part" interdiction des mariages mixtes, instauration des bantoustans entitĂ©s territoriales assignĂ©es aux populations noires, lieux publics distincts selon la race toilettes, parcs... etc. Pour en savoir plus sur l'apartheid L'ANC lutte contre le rĂ©gime sud-africain par les manifestations et la lutte politique. Il se dote en 1955 d'une charte de la libertĂ©. Notre peuple a Ă©tĂ© privĂ©, par une forme de gouvernement fondĂ©e sur lÊŒinjustice et lÊŒinĂ©galitĂ©, de son droit naturel Ă la terre, Ă la libertĂ© et Ă la paix ; Seul un Ătat dĂ©mocratique fondĂ© sur la volontĂ© de tous peut assurer Ă tous, sans distinction de race, de couleur, de sexe ou de croyance, les droits qui leur reviennent de par leur naissance ; CÊŒest pourquoi nous, peuples de lÊŒAfrique du Sud, Blancs aussi bien que Noirs, rĂ©unis comme des Ă©gaux, des compatriotes et des frĂšres, adoptons cette Charte de la libertĂ©. âą Le gouvernement doit appartenir au peuple. Toute personne doit avoir le droit de voter et dÊŒĂȘtre Ă©ligible Ă tout organe lĂ©gislatif. âą Tous les groupes nationaux doivent jouir de droits Ă©gaux. Tous les groupes nationaux comme toutes les races doivent ĂȘtre sur un pied dÊŒĂ©galitĂ©, aussi bien dans les administrations de lÊŒĂtat que dans les tribunaux et les Ă©coles. Le droit de parler leur langue maternelle et de dĂ©velopper leur culture et leurs coutumes traditionnelles doit ĂȘtre le mĂȘme pour tous. Toutes lois et mesures dÊŒapartheid doivent ĂȘtre abrogĂ©es. ... Voir le texte dans son intĂ©gralitĂ© Nelson Mandela, lui, est arrĂȘtĂ© une premiĂšre fois en 1952 condamnĂ© Ă 9 mois de prison pour non-respect des lois de l'apartheid et pour communisme. Il devient l'une des figures majeures de l'ANC l'un des quatre vice-prĂ©sidents. En 1956, il est accusĂ© de trahison, mais sera acquittĂ© en 1961 Ă la suite d'un long procĂšs. Le massacre de Sharpeville en 1960 79 morts parmi les manifestants, l'interdiction de l'ANC, changent la donne le mouvement anti-apartheid, jusqu'alors non-violent et inscrit sur le terrain politique se tourne vers la lutte armĂ©e. L'ANC et Mandela fondent une organisation paramilitaire, Umkhonto We Sizwe "Lance de la Nation". Il est Ă nouveau arrĂȘtĂ© en 1962 et cette fois, son emprisonnement va durer puisqu'il ne sera libĂ©rĂ© qu'en 1990 ! CondamnĂ© Ă 5 ans de prison en 1962 pour incitation Ă la grĂšve et dĂ©placement illĂ©gal Mandela s'Ă©tait rendu Ă l'Ă©tranger, il est ensuite inculpĂ© de sabotage, trahison et complot en 1963, et condamnĂ© Ă la prison Ă vie. Il va passer 17 ans Ă la prison de l'Ăźle de Robben au large du Cap, puis sera transfĂ©rĂ© Ă celle de Pollsmoor. En rĂ©sidence surveillĂ©e Ă partir de 1988, il est libĂ©rĂ© en fĂ©vrier 1990. Un artisan de la paix distinguĂ© par le prix Nobel en 1993 Son combat est consacrĂ© au plus haut niveau par le prix Nobel de la Paix, qui lui est dĂ©cernĂ© en 1993, conjointement avec Frederik De Klerk, le prĂ©sident sud-africain depuis 1989 qui avait fait le choix d'ouvrir les nĂ©gociations avec l'ANC, de faire libĂ©rer Mandela et de mettre fin aux lois sĂ©grĂ©gationnistes. Il faut souligner que l'organisation du Nobel avait prĂ©cocement manifestĂ© son soutien au combat anti-apartheid, en dĂ©cernant dĂšs 1960 le prix Nobel de la Paix au prĂ©sident de l'ANC Albert Luthuli, puis en 1984 Ă Desmond Tutu, evĂȘque anglican du Cap, apĂŽtre pacifiste de la lutte contre l'apartheid. Les annĂ©es 1990 sont celles de la consĂ©cration politique pour Mandela. Il est le chef d'une formation politique, l'ANC, qui, dĂ©sormais autorisĂ©e, remporte largement les premiĂšres Ă©lections lĂ©gislatives organisĂ©es dans un cadre multiracial et pluraliste en avril 1994. En mai, il est Ă©lu par le Parlement prĂ©sident de la RĂ©publique sud-africaine. Il le restera jusqu'au terme de son mandat en 1999. RĂ©conciliation Mandela's Miracle, un documentaire/hommage 2011 AprĂšs Invictus 2010, le film rĂ©alisĂ© par Clint Eastwood, qui traite des premiĂšres annĂ©es de la prĂ©sidence Mandela, la rĂ©conciliation du peuple sud-africain a fait l'objet d'un documentaire, lui aussi rĂ©alisĂ© par un amĂ©ricain, Michael Henry Wilson et produit par sa femme, Carole En 2011, ce documentaire de 88 minutes, Reconciliation Mandela's Miracle a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© au 4e Cape Wineslands Film Festival festival du film des vignobles du Cap. Extraits d'une interview de la productrice, Carole Radio France International, 19 mars 2011, interview rĂ©alisĂ©e par Keoprasith Souvannavong RFI Carole J. Wilson, lâidĂ©e dâun documentaire sur Nelson Mandela vous a Ă©tĂ© inspirĂ©e par le guide spirituel tibĂ©tain, le DalaĂŻ Lama. Racontez-nous. Carole J. Wilson ... En aoĂ»t 1999, ... Nous avons Ă©tĂ© reçus en audience privĂ©e par le DalaĂŻ lama Ă qui nous avons prĂ©sentĂ© le film In search of Kundun, film sur le drame tibĂ©tain. Nous avons parlĂ© de lâesprit de rĂ©conciliation, un thĂšme trĂšs cher au DalaĂŻ Lama. Nous lui avions fait part de notre intention de tourner un documentaire sur ce sujet, avec des tĂ©moignages de laurĂ©ats du prix Nobel de la Paix. Les premiĂšres personnes que vous devez rencontrer sont Nelson Mandela et lâarchevĂȘque Desmond Tutu », nous avait-il aussitĂŽt suggĂ©rĂ©. Et de prĂ©ciser Rappelez-vous que tout a commencĂ© lĂ -bas, en Afrique du Sud, avec Gandhi ». Mais ensuite nous nâavions jamais pu mettre sur pied le projet... Jusquâau jour oĂč Michael Henry Wilson, ami de longue date de Clint Eastwood, a appris que le rĂ©alisateur amĂ©ricain voulait tourner le film Invictus*, sur Nelson Mandela. Nous avons exposĂ© notre projet Ă Clint Eastwood. DâemblĂ©e, il a Ă©tĂ© dâaccord pour sâexprimer dans notre film. Au printemps 2009, nous sommes allĂ©s en Afrique du Sud au moment oĂč Clint Eastwood tournait Invictus. Nous avons ainsi pu nous entretenir avec lâex-prĂ©sident sud-africain Frederik Willem de Klerk, Mgr Desmond Tutu, Zinzile [la fille de Nelson Mandela], mais pas avec Mandela en personne. Etant trĂšs ĂągĂ© et pas vraiment en bonne santĂ©, il s'Ă©tait dĂ©jĂ retirĂ© de la vie publique. En plus des diverses personnalitĂ©s, nous avons Ă©galement interviewĂ© les victimes de l'Apartheid. Toutes ces personnes qui apparaissent dans le film nous ont livrĂ© leur vision sur ce qu'elles appelaient, et quâelles appellent encore le miracle de Mandela » , Ă savoir le passage dâun rĂ©gime dâApartheid Ă lâinstauration dâune dĂ©mocratie. ... RFI Votre film traite du processus de rĂ©conciliation tout en soulignant le pouvoir du dialogue entre les hommes clĂ©s de l'Ă©poque et le pouvoir du pardon. Expliquez-nous. Tout Ă fait. La rĂ©conciliation se dĂ©roule en plusieurs Ă©tapes. Elle requiert la tolĂ©rance mutuelle, la reconnaissance des droits fondamentaux, comme le droit de vote pour les Noirs ou la mise en place d'une sociĂ©tĂ© non basĂ©e sur des principes raciaux. Quant au pardon, il relĂšve de la compassion, de ce que l'ĂȘtre humain a de plus profond en lui. ... Beaucoup de gens que nous avons interviewĂ©s en Afrique du Sud nous ont dit que la rĂ©conciliation doit absolument se faire, mais le pardon, lui, relĂšve d'une dĂ©marche personnelle, il ne peut pas ĂȘtre dictĂ© par un Etat ». ... RFI Lâoppresseur devient un partenaire ». Cette phrase forte est aussi le titre d'un des chapitres de votre film... Oui. Lâoppresseur est lui-mĂȘme oppressĂ©. Lâoppresseur est habitĂ© par la peur, la haine. Lâancien prĂ©sident sud-africain Frederik Willem de Klerk a eu une vision fort intĂ©ressante. Son pĂšre avait fondĂ© le Parti nationaliste. Il a baignĂ© dans lâApartheid. En dĂ©cidant de dĂ©manteler le systĂšme, Frederik de Willem de Klerk avait compris, comme il le dĂ©clarait lui-mĂȘme, que personne ne peut quitter la table des nĂ©gociations avec au final un vainqueur et un vaincu. Ce doit ĂȘtre du gagnant-gagnant ». Et comme l'a trĂšs bien rappelĂ© dans le film l'ancienne maire du Cap-Occidental, Helen Zille, Mandela a dĂ» faire la paix avant que son camp ne remporte la victoire, et de Klerk avant que les siens ne la perdent ». RFI OĂč en est la rĂ©conciliation en Afrique du Sud aujourdâhui ? La promesse dâune nouvelle Afrique du Sud nâa Ă©tĂ© tenue que partiellement vingt ans aprĂšs les faits. Nous en sommes conscients. Mais dans le mĂȘme temps, il nây avait pas de bases Ă©conomiques solides pour assurer une rĂ©elle transition. La pauvretĂ© reste un Ă©norme problĂšme. La rĂ©conciliation Ă©conomique nâest toujours pas au rendez-vous. Il y a une classe moyenne au sein de la population noire dâAfrique du Sud, certes, mais force est de constater que les Noirs forment toujours la majoritĂ© des pauvres. Il reste encore beaucoup de progrĂšs Ă faire en ce sens, mais ce progrĂšs ne peut pas sâaccomplir sans la solidaritĂ© entre les gens. Sources Site RFI article signĂ© Keoprasith Souvannavong, 19 mars 2011 Site jeune Afrique
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