RĂ©sumons l'affaire nous sommes en 1897 et Dieu est mort. Ce n'est pas rien. Pendant tout le XIXe siĂšcle, romanciers, poĂštes, philosophes ont travaillĂ© d'arrache-pied Ă inventer une nouvelle religion civile dĂ©livrĂ©e du dogme chrĂ©tien. Ils ont proposĂ© d'adorer l'Homme, le Beau ou encore la Raison, en vain. La science a pris le dessus, le hasard s'est imposĂ© comme loi. Depuis, tout n'est que non-sens et absurditĂ©. De ce combat, StĂ©phane MallarmĂ© fut un acteur peu connu. On l'imagine en poĂšte retirĂ© du monde, occupĂ© Ă sculpter ses abolis bibelots».En rĂ©alitĂ©, comme ses pairs, il n'a cessĂ© d'ĂȘtre blessĂ© par le dĂ©senchantement du monde. Lui aussi pense qu'il n'y a pas de sociĂ©tĂ© sans cĂ©rĂ©monies collectives et que la mission du poĂšte est d'offrir un culte capable de satisfaire l'esprit moderne», rĂ©sume Quentin Meillassoux. MallarmĂ© nourrissait un rĂȘve fou Ă©crire un livre, le Livre» supposĂ© combler Ă lui seul le besoin d'adoration de ses contemporains. Un cĂ©rĂ©monial rĂ©glĂ© avec une minutie maniaque devait en encadrer la lecture publique. StĂ©phane MallarmĂ© cCosta-leemage De Livre», pourtant, il n'y eut point. Car la poĂ©sie est Ă son tour gagnĂ©e par le dĂ©litement. En quelques annĂ©es, l'alexandrin, article de foi de la mĂ©trique française, est mis Ă mort par le vers libre». Comment la poĂ©sie pourrait-elle devenir un nouveau rite social si sa propre liturgie Ă©tait en train de se dĂ©faire? C'est alors qu'en 1897, deux avant sa mort, MallarmĂ© publie Un coup de dĂ©s jamais n'abolira le hasard». PoĂšme hors norme qui s'Ă©tale sur onze doubles pages, joue de toutes les variations typographiques taille, majuscules, italique - et rĂ©pand autour de la sentence principale un semis de propositions secondaires. Il y est question d'un MaĂźtre» dont le navire fait naufrage et qui, avant d'ĂȘtre avalĂ© par les flots, s'apprĂȘte Ă lancer les dĂ©s en un ultime dĂ©fi au Ciel dĂ©sertĂ©. AllĂ©gorie transparente de l'Ă©croulement de l'ordre d'hier et de l'avĂšnement de l'incertitude. Hallucination Ă©parse d'agonie», dit le poĂšte. Etait-ce lĂ le Livre» d'une nouvelle religion? Bien sĂ»r, il n'en fut rien. Pourtant, tout en s'imposant comme une oeuvre clĂ©, commentĂ©e par Sartre, Blanchot, Deleuze ou RanciĂšre, le Coup de dĂ©s» a nourri trĂšs vite un fantasme Ă©sotĂ©rique. Et si MallarmĂ© avait glissĂ© un code cachĂ©? Les notes prĂ©paratoires au Livre» ne dĂ©voilent-elles pas un fou de numĂ©rologie? Son rituel n'Ă©tait-il organisĂ© autour du 5, du 7, du 12...?La suite aprĂšs la publicitĂ© DĂ©jĂ , Igitur», rĂ©cit inachevĂ© Ă©crit trente ans plus tĂŽt et qui raconte lui aussi un lancer de dĂ©s, tournait autour du 12. Mais les divers dĂ©chiffrages tournĂšrent court et l'esprit postmoderne fut renforcĂ© dans sa croyance il n'y a pas de code, l'Art ne saurait remplacer Dieu et le poĂšme terminal de MallarmĂ© n'est qu'un sublime Ă©chec. Comme l'Ă©crit RanciĂšre MallarmĂ© n'est pas un auteur hermĂ©tique, c'est un auteur difficile.» C'est alors qu'arrive Quentin Meillassoux, l'un des philosophes les plus originaux et les plus brillants de la nouvelle gĂ©nĂ©ration. Avec AprĂšs la finitude», paru en 2006 et considĂ©rĂ© par le philosophe Slavoj Zizek comme l'ouvrage majeur de ces derniĂšres annĂ©es, il s'est engagĂ© dans un travail de longue haleine visant Ă fonder une nouvelle mĂ©taphysique - oui, rien que cela - autour de la notion de contingence». En rĂ©sumĂ© si Dieu est mort, tout devient alĂ©atoire et plus aucun Absolu ne s'impose Ă nous... sinon la contingence elle-mĂȘme. Et s'il faut prĂ©server la possibilitĂ© d'un Absolu, c'est que lui seul peut nous protĂ©ger du retour paradoxal des idoles. Avec fĂ©rocitĂ©, Meillassoux dĂ©sosse le relativisme contemporain qui, au prĂ©texte que Dieu n'existe plus, encourage chacun Ă croire Ă ce qu'il veut. En somme un traitement mĂ©taphysique de nos dĂ©sordres les plus actuels. Penseur de la contingence, Meillassoux ne pouvait qu'aller vers le poĂšte du hasard. Le dilemme de MallarmĂ© ressemble au sien comment prendre acte de la mort de l'alexandrin sans renoncer Ă la poĂ©sie mĂ©trique, sinon en poussant le vers libre jusqu'Ă sa forme absolue? Reste Ă savoir laquelle. Or un beau jour, pour s'amuser, Meillassoux se demande de combien de mots sont faits deux sonnets fameux de MallarmĂ©, A la nue accablante...» et Salut». Le premier en compte 70, le second 77. Hasard? Esquisse d'une logique? Et si le secret du Coup de dĂ©s» Ă©tait dans le nombre de mots du poĂšme tout entier? Et si dans sa forme autant que dans son contenu il inventait une nouvelle mĂ©trique, stricte comme l'alexandrin et alĂ©atoire comme le vers libre? C'est cette hypothĂšse que Meillassoux vĂ©rifie dans le Nombre et la SirĂšne», essai virtuose, Ă©crit d'une langue trĂšs Ă©lĂ©gante, et qu'il n'est nul besoin d'ĂȘtre spĂ©cialiste de MallarmĂ© pour suite aprĂšs la publicitĂ© Quentin MEILLASSOUX, ĂągĂ© de 43 ans, enseigne la philosophie Ă l'ENS de la rue d'Ulm. En dĂ©saccord avec le discours sur la fin de la mĂ©taphysique, nourri de l'ontologie mathĂ©matique d'Alain Badiou, il s'est fixĂ© pour tĂąche de construire son propre systĂšme philosophique "un rĂ©gime irreligieux du divin". cDR Comme pour une enquĂȘte policiĂšre, il scrute le poĂšme, accumule les indices. Sous le MaĂźtre» naufragĂ©, il dĂ©masque le MĂštre» français. Abandonnant les anciens calculs» l'alexandrin au cours d'une mĂ©morable crise » la crise du vers, le maĂźtre nourrit l'espoir d'un unique Nombre» le vers qu'est en train d'inventer MallarmĂ©. ExistĂąt-il? [...] Se chiffrĂąt-il ?», Ă©crit MallarmĂ© un chiffrage» est donc bien Ă l'oeuvre. Impossible de dĂ©tailler ici l'investigation. Disons seulement que le chiffre 7, symbole thĂ©ologique, s'impose vite comme suspect principal et que tout va se jouer dans la double page centrale du poĂšme, oĂč deux comme si» si Ă©tant la septiĂšme note de la gamme entourent une mĂ©ditation sur le gouffre le 0». D'oĂč le tiercĂ© gagnant de Meillassoux 7» Dieu, 0» le NĂ©ant, 7» le nouveau Dieu l'Art. Soit 707», qui est aussi le nombre de mots que compte le poĂšme. Un seul vers, donc, unique, mĂ©trĂ© et libre Ă la fois, profilĂ© comme un fuselage d'avion. Soixante ans plus tard, les ingĂ©nieurs de Boeing retombĂšrent sur le mĂȘme nombre lorsqu'ils voulurent chiffrer l'expĂ©rience moderne par excellence la traversĂ©e gĂ©omĂ©trique d'un ciel sans Dieu. Reste, une fois qu'on a cassé» le code, Ă comprendre le message. L'interprĂ©tation philosophico-politique qu'avance Meillassoux paraĂźtra tirĂ©e par les cheveux, mais elle s'inscrit dans la logique de ses travaux. Dans une trentaine d'annĂ©es, rappelle-t-il, on rejette en bloc les diverses tentatives du XIXe - de Lamartine Ă Hugo, de Saint-Simon Ă Zola, de Hegel Ă Marx - pour donner un nouveau sens Ă la vie. Le ProgrĂšs et la RĂ©volution sont de grands RĂ©cits morts» conduisant au crime totalitaire. S'il s'avĂ©rait qu'au moins l'une de ces figures du Grand SiĂšcle avait en rĂ©alitĂ© remportĂ© son pari - en l'occurrence MallarmĂ©, en produisant un vers entiĂšrement neuf -, c'est un peu de notre dĂ©sabusement» qui serait dĂ©menti. EbranlĂ©, sinon aboli, par un simple Coup de dĂ©s». Eric AeschimannLa suite aprĂšs la publicitĂ© Le Nombre et la SirĂšne,par Quentin Meillassoux,Fayard, 248 p., 19 euros. => A lire sur BibliObs la rĂ©action de Bertrand Marchal, responsable de l'Ă©dition des Oeuvres complĂštes» de MallarmĂ© dans la PlĂ©iade. => A vos agendas Le code secret de MallarmĂ© enfin dĂ©voilĂ©?», intervention de Quentin Meillassoux dans le cadre de la Semaine de la Pop Philosophie Ă Marseille, sera suivie d'un Ă©change avec Eric Aeschimann, le 18 octobre Ă 19h Centre de la Vieille CharitĂ©, Centre International de PoĂ©sie Marseille, 2 rue de la CharitĂ© - 13002 Marseille. Source "Le Nouvel Observateur" du 29 septembre 2011.
Jefais ce post pour parler dans quel monde de fou on est surtout de ce qui passe en ce moment : La guerre entre Russie - Ukraine. Je pense que tout le monde est inquiet , ses derniers jours ça a était le seul sujet de discussion avec mes camarades de classe et mes copines. C'est comme le Covid. Au début , on a tous crues qu'on allait
PrĂ©dicateur de la Maison pontificale, le pĂšre capucin Raniero Cantalamessa a prononcĂ© ce vendredi 12 avril la cinquiĂšme mĂ©ditation du temps de le Nouveau Testament comme dans lâhistoire de la thĂ©ologie, certaines choses ne peuvent se comprendre que si lâon tient compte dâun fait fondamental, Ă savoir lâexistence de deux approches diffĂ©rentes, bien que complĂ©mentaires, du mystĂšre du Christ celle de Paul et celle de voit le mystĂšre du Christ Ă partir de lâincarnation. JĂ©sus, le Verbe fait chair, est pour lui le rĂ©vĂ©lateur suprĂȘme du Dieu vivant, celui en-dehors duquel personne ne va au PĂšre ». Le salut consiste Ă reconnaĂźtre que JĂ©sus est venu dans la chair » et Ă croire quâil est le Fils de Dieu » ; Celui qui a le Fils possĂšde la vie ; celui qui nâa pas le Fils de Dieu ne possĂšde pas la vie ». Comme nous le voyons, au centre de tout se trouve la personne » de JĂ©sus lâ particularitĂ© de cette vision johannique saute aux yeux si on la compare Ă celle de Paul. Pour Paul, au centre de lâattention, il nây a pas tant la personne du Christ, comprise comme rĂ©alitĂ© ontologique, que lâĆuvre du Christ, câest-Ă -dire le mystĂšre pascal de sa mort et de sa rĂ©surrection. Le salut ne consiste pas tant Ă croire que JĂ©sus est le Fils de Dieu venu dans notre chair, mais Ă croire en JĂ©sus livrĂ© pour nos fautes et ressuscitĂ© pour notre justification ». LâĂ©vĂ©nement central nâest pas lâincarnation, mais le mystĂšre serait une erreur fatale dây voir une dichotomie Ă lâorigine mĂȘme du christianisme. Quiconque lit le Nouveau Testament sans prĂ©jugĂ© comprend que chez Jean, lâincarnation est en vue du mystĂšre pascal, quand JĂ©sus dĂ©versera son Esprit sur lâhumanitĂ© ; le lecteur comprend Ă©galement que pour Paul, le mystĂšre pascal suppose et se fonde sur lâincarnation. Celui qui sâest fait obĂ©issant jusquâĂ la mort et Ă la mort sur la croix est celui qui avait la condition de Dieu », Ă©tait Ă©gal Ă Dieu. Les formules trinitaires dans lesquelles JĂ©sus-Christ est mentionnĂ© avec le PĂšre et le Saint-Esprit confirment que pour Paul, lâĆuvre du Christ prend son sens dans sa aussi Prier la TrinitĂ©, mission impossible ?Lâaccentuation diffĂ©rente des deux pĂŽles du mystĂšre reflĂšte le chemin historique que la foi en Christ a fait aprĂšs PĂąques. Jean reflĂšte la phase la plus avancĂ©e de la foi en Christ, celle que lâon trouve Ă la fin, et non au dĂ©but de la rĂ©daction des Ă©crits nĂ©otestamentaires. Il est au terme dâun processus qui est de remonter aux sources du mystĂšre du Christ. On le remarque quand on regarde dâoĂč commencent les quatre Ă©vangiles. Marc commence son Ă©vangile Ă partir du baptĂȘme de JĂ©sus dans le Jourdain ; Matthieu et Luc, qui arrivent aprĂšs, font un pas en arriĂšre et commencent lâhistoire de JĂ©sus quand il naĂźt de Marie ; Jean, qui Ă©crit en dernier, fait un saut en arriĂšre dĂ©cisif et situe le dĂ©but de lâhistoire du Christ, non plus dans le temps, mais dans lâĂ©ternitĂ© Au commencement Ă©tait le Verbe, et le Verbe Ă©tait auprĂšs de Dieu, et le Verbe Ă©tait Dieu ».La raison de ce dĂ©placement dâintĂ©rĂȘt est bien connue. Entre temps, la foi est entrĂ©e au contact de la culture grecque, qui sâintĂ©resse davantage Ă la dimension ontologique quâĂ la dimension historique. Ce qui compte pour elle, câest moins le dĂ©ploiement des faits que leur fondement lâarchĂš. Ă ce facteur environnemental sâajoutent les premiers signes de lâhĂ©rĂ©sie docĂ©tiste qui remettait en question la rĂ©alitĂ© de lâincarnation. Le dogme christologique des deux natures et de lâunitĂ© de la personne du Christ se fondera presque entiĂšrement sur la perspective johannique du Logos fait est important dâen tenir compte pour comprendre la diffĂ©rence et la complĂ©mentaritĂ© entre la thĂ©ologie orientale et la thĂ©ologie occidentale. Les deux perspectives, la paulinienne et la johannique, tout en se fondant lâune dans lâautre comme on le voit dans le symbole de NicĂ©e-Constantinople, conservent leur accentuation diffĂ©rente, comme deux fleuves qui, se coulant lâun dans lâautre, conservent chacun la couleur propre de ses eaux sur un long parcours. La thĂ©ologie et la spiritualitĂ© orthodoxes se fondent principalement sur Jean ; lâoccidentale la protestante encore plus que la catholique se fonde principalement sur Paul. Au sein de cette mĂȘme tradition grecque, lâĂ©cole alexandrine est plutĂŽt johannique, lâantiochienne plus paulinienne. Lâune fait consister le salut dans la divinisation, lâautre dans lâimitation du croix, sagesse de Dieu et puissance de DieuJe voudrais maintenant montrer ce que tout cela implique pour notre recherche du visage du Dieu vivant. Ă la fin des mĂ©ditations de lâAvent, jâai parlĂ© du Christ de Jean qui, au moment mĂȘme oĂč il se fait chair, introduit la vie Ă©ternelle dans le monde. Au terme de ces mĂ©ditations de CarĂȘme, je voudrais parler du Christ de Paul, qui change le destin de lâhumanitĂ© sur la croix. Ăcoutons tout de suite le texte oĂč apparaĂźt le plus clairement la perspective paulinienne sur laquelle nous voulons rĂ©flĂ©chir Puisque, en effet, par une disposition de la sagesse de Dieu, le monde, avec toute sa sagesse, nâa pas su reconnaĂźtre Dieu, il a plu Ă Dieu de sauver les croyants par cette folie quâest la proclamation de lâĂvangile. Alors que les Juifs rĂ©clament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifiĂ©, scandale pour les Juifs, folie pour les nations paĂŻennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, quâils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. »LâApĂŽtre parle dâune nouveautĂ© dans lâagir de Dieu, presque un changement de rythme et de mĂ©thode. Le monde nâa pas su reconnaĂźtre Dieu dans la splendeur et la sagesse de sa crĂ©ation ; Dieu dĂ©cide alors de se rĂ©vĂ©ler de maniĂšre opposĂ©e, Ă travers lâimpuissance et la folie de la croix. On ne peut lire cette affirmation de Paul sans se souvenir de la parole de JĂ©sus PĂšre, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange ce que tu as cachĂ© aux sages et aux savants, tu lâas rĂ©vĂ©lĂ© aux tout-petits ».Comment interprĂ©ter ce renversement de valeurs ? Luther parlait de la façon quâa Dieu de se rĂ©vĂ©ler sub contraria specie », câest-Ă -dire Ă travers le contraire de ce que lâon pourrait attendre de lui. Il est toute-puissance et se rĂ©vĂšle dans lâimpuissance, il est sagesse et se rĂ©vĂšle dans la folie, il est gloire et se rĂ©vĂšle dans lâignominie, il est richesse et se rĂ©vĂšle dans la aussi LâhumilitĂ© de DieuLa thĂ©ologie dialectique de la premiĂšre moitiĂ© du siĂšcle dernier a conduit cette vision Ă des consĂ©quences extrĂȘmes. Entre la premiĂšre et la deuxiĂšme maniĂšre quâa Dieu de se manifester, il nây a pas â dâaprĂšs Karl Barth â continuitĂ©, mais rupture. Il ne sâagit pas dâune succession seulement temporelle, comme entre lâAncien et le Nouveau Testament, mais dâune opposition ontologique. En dâautres termes, la grĂące ne construit pas sur la nature, mais contre elle ; elle touche le monde comme la tangente le cercle », câest-Ă -dire quâelle lâeffleure, mais sans y pĂ©nĂ©trer comme le fait au contraire la levure avec la pĂąte. Câest la seule diffĂ©rence qui, aux dires du mĂȘme Barth, le retenait de se dire catholique ; toutes les autres lui semblaient, par comparaison, sans grand intĂ©rĂȘt. Ă lâanalogiaentis, il opposait Ă lâanalogia fidei, câest-Ă -dire Ă la collaboration entre nature et grĂące, lâopposition entre la parole de Dieu et tout ce qui appartient au XVI, dans son encyclique Deus caritas est », montre les consĂ©quences que cette vision diffĂ©rente a Ă propos de lâamour. Karl Barth avait Ă©crit LĂ oĂč lâamour chrĂ©tien entre en scĂšne, a commencĂ© immĂ©diatement le conflit avec lâautre amour [lâamour humain] et ce conflit est dĂ©sormais sans fin ». BenoĂźt XVI Ă©crit Ă lâinverse Eros et agapĂš â amour ascendant et amour descendant- ne se laissent jamais complĂštement sĂ©parer lâun de lâautre [âŠ]. La foi biblique ne construit pas un monde parallĂšle ou un monde opposĂ© au phĂ©nomĂšne humain originaire qui est lâamour, mais quâelle accepte tout lâhomme, intervenant dans sa recherche dâamour pour la purifier, lui ouvrant en mĂȘme temps de nouvelles dimensions ».Lâopposition radicale entre nature et grĂące, entre crĂ©ation et rĂ©demption, finit par sâattĂ©nuer dans les Ă©crits postĂ©rieurs du mĂȘme Barth et ne trouve dĂ©sormais presque plus aucun partisan. Nous pouvons donc aborder avec plus de sĂ©rĂ©nitĂ© les Ă©crits de lâApĂŽtre pour comprendre en quoi consiste rĂ©ellement la nouveautĂ© de la croix du la croix, Dieu sâest manifestĂ©, oui, sous son contraire », mais sous le contraire de ce que les hommes ont toujours pensĂ© de Dieu, et pas de ce que Dieu est rĂ©ellement. Dieu est amour, et câest sur la croix que se rĂ©alise la manifestation suprĂȘme de son amour pour les hommes. Dans un certain sens, ce nâest que lĂ , sur la croix, que Dieu se rĂ©vĂšle dans sa propre espĂšce », dans ce qui lui est propre. On doit lire le texte de la premiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens sur le sens de la croix de Christ, Ă la lumiĂšre dâun autre texte de Paul dans la Lettre aux Romains Alors que nous nâĂ©tions encore capables de rien, le Christ, au temps fixĂ© par Dieu, est mort pour les impies que nous Ă©tions. Accepter de mourir pour un homme juste, câest dĂ©jĂ difficile ; peut-ĂȘtre quelquâun sâexposerait-il Ă mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, câest que le Christ est mort pour nous, alors que nous Ă©tions encore pĂ©cheurs. »Le thĂ©ologien byzantin mĂ©diĂ©val Nicolas Cabasilas 1322-1392 nous donne la meilleure clĂ© pour comprendre en quoi consiste la nouveautĂ© de la croix du Christ. Il Ă©crit Deux caractĂ©ristiques rĂ©vĂšlent lâamant et le font triompher la premiĂšre consiste Ă faire du bien Ă lâaimĂ© dans tout ce qui est possible, la seconde Ă choisir de souffrir pour lui et de souffrir des choses terribles, si nĂ©cessaire. Ce dernier test dâamour de loin supĂ©rieur au premier, ne pouvait cependant pas convenir Dieu qui est impassible Ă tout le mal [âŠ]. Alors pour nous donner lâassurance de son grand amour et nous montrer quâil nous aime dâun amour sans limites, Dieu invente son annihilation, la rĂ©alise et se rend capable de souffrir et dâendurer des choses terribles. Ainsi, avec tout ce quâil endure, Dieu convainc les hommes de son extraordinaire amour pour eux et les attire Ă nouveau Ă lui. »Dans la crĂ©ation, Dieu nous a remplis de dons, dans la rĂ©demption, il a souffert pour nous. La relation entre les deux est celle dâun amour de bienfaisance qui se fait amour de aussi Mon CarĂȘme Laudato siâ dĂ©fi n°35, faire fructifier ses talentsMais quâest-il arrivĂ© de si important dans la croix de Christ pour en faire le moment culminant de la rĂ©vĂ©lation du Dieu vivant de la Bible ? La crĂ©ature humaine cherche instinctivement Dieu dans le domaine de la puissance. Le titre qui suit le nom de Dieu est presque toujours omnipotent ». Et voilĂ quâen ouvrant lâĂvangile, nous sommes invitĂ©s Ă contempler lâimpuissance absolue de Dieu sur la croix. LâĂvangile rĂ©vĂšle que la vraie toute-puissance est lâimpuissance totale du Calvaire. Il faut peu de puissance pour se faire valoir, il en faut beaucoup par contre pour se mettre de cĂŽtĂ©, pour sâanĂ©antir. Le Dieu chrĂ©tien est cette puissance illimitĂ©e dâeffacement de soi !Lâexplication ultime rĂ©side donc dans le lien indĂ©fectible qui existe entre amour et humilitĂ©. Il sâest abaissĂ©, devenant obĂ©issant jusquâĂ la mort, et la mort de la croix ». Il sâest humiliĂ© en se faisant dĂ©pendant de lâobjet de son amour. Lâamour est humble parce que, de par sa nature, il crĂ©e une dĂ©pendance. Nous le voyons, en quelque sorte, dans ce qui se passe lorsque deux personnes tombent amoureuses. Le jeune homme qui, selon le rituel traditionnel, sâagenouille devant une jeune fille pour lui demander sa main, fait lâacte dâhumilitĂ© le plus radical de sa vie, il se fait mendiant. Câest comme sâil disait Je ne me suffis pas Ă moi-mĂȘme, jâai besoin de toi pour vivre ». La diffĂ©rence essentielle rĂ©side dans le fait que la dĂ©pendance de Dieu Ă lâĂ©gard de ses crĂ©atures provient uniquement de lâamour quâil a pour elles, celle des crĂ©atures entre elles du besoin quâelles ont lâune de lâautre. La rĂ©vĂ©lation de Dieu comme amour », Ă©crit Henri de Lubac, oblige le monde Ă revoir toutes ses idĂ©es sur Dieu ». La thĂ©ologie et lâexĂ©gĂšse sont encore loin, je crois, dâen avoir tirĂ© toutes les consĂ©quences. Une de ces consĂ©quences est la suivante si JĂ©sus souffre atrocement sur la croix, il ne le fait pas principalement pour rembourser Ă la place des hommes leur dette insolvable. Avec la parabole des deux serviteurs, dans Luc 7, 41, il explique dâavance que la dette des dix mille talents est cautionnĂ©e gratuitement par le roi !. Non, JĂ©sus meurt crucifiĂ© pour que lâamour de Dieu puisse rejoindre lâhomme au lieu le plus Ă©loignĂ© oĂč il sâest mis en se rebellant contre lui, câest-Ă -dire dans la mort. La mort mĂȘme est dĂ©sormais habitĂ©e par lâamour de Dieu. Dans son livre sur JĂ©sus de Nazareth, BenoĂźt XVI a Ă©crit Lâinjustice, le mal en tant que rĂ©alitĂ© ne peut pas ĂȘtre simplement ignorĂ©, on ne peut le laisser tomber. Il doit ĂȘtre digĂ©rĂ©, vaincu. Câest lĂ la vraie misĂ©ricorde. Et que maintenant, puisque les hommes nâen sont pas capables, Dieu le fait lui-mĂȘme â câest la bontĂ© inconditionnelle de Dieu. »Le motif traditionnel de lâexpiation des pĂ©chĂ©s conserve, comme on peut le constater, toute sa validitĂ©, mais ce nâest pas la raison ultime. La raison ultime est la bontĂ© inconditionnelle de Dieu », son aussi Pourquoi la confession est-elle si difficile pour tout le monde ?Nous pouvons identifier trois Ă©tapes dans le cheminement de la foi pascale de lâĂglise. Au dĂ©but, il nây a que deux faits Il est mort, il est ressuscitĂ© ». Vous lâavez crucifiĂ©, Dieu lâa ressuscitĂ© », crie Ă la foule Pierre le jour de la PentecĂŽte Ac 2, 23-24. Dans une deuxiĂšme phase, la question se pose Pourquoi est-il mort et pourquoi est-il ressuscitĂ© ? ». La rĂ©ponse est le kĂ©rygme livrĂ© pour nos fautes et ressuscitĂ© pour notre justification. » Il restait toujours une question Et pourquoi est-il mort pour nos pĂ©chĂ©s ? Quâest-ce qui lâa poussĂ© Ă le faire ? ». La rĂ©ponse unanime, sur ce point, de Paul et Jean est Parce quâil nous a aimĂ©s ». Il mâa aimĂ© et sâest livrĂ© lui-mĂȘme pour moi », Ă©crit Paul ; Ayant aimĂ© les siens qui Ă©taient dans le monde, il les aima jusquâau bout », Ă©crit rĂ©ponseQuelle sera notre rĂ©ponse face au mystĂšre que nous avons contemplĂ© et que la liturgie nous fera revivre au cours de la Semaine sainte ? La premiĂšre rĂ©ponse, fondamentale, est celle de la foi. Pas nâimporte quelle foi, mais la foi par laquelle nous nous approprions ce que le Christ nous a acquis. La foi qui sâempare » du Royaume des cieux Mt 11, 12. LâApĂŽtre conclut le texte dont nous sommes partis avec ces mots Le Christ JĂ©sus [âŠ] est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification, rĂ©demption. Ainsi, comme il est Ă©crit celui qui veut ĂȘtre fier, quâil mette sa fiertĂ© dans le Seigneur. »Ce que le Christ est devenu pour nous » â justice, saintetĂ© et rĂ©demption â nous appartient ; câest encore plus Ă nous que si nous lâavions fait ! Je ne me lasse pas de rĂ©pĂ©ter, Ă cet Ă©gard, ce que saint Bernard de Clairvaux a Ă©crit Mais pour moi, ce que je ne trouve pas en moi, je le prends [littĂ©rairement, je lâusurpe] avec confiance dans les entrailles du Sauveur, parce quâelles sont toutes pleines dâamour. [âŠ] La misĂ©ricorde du Seigneur est donc la matiĂšre de mes mĂ©rites. Jâen aurai toujours tant quâil daignera avoir de la compassion pour moi. Et ils seront abondants si les misĂ©ricordes sont abondantes. Si les misĂ©ricordes du Seigneur sont Ă©ternelles pour moi, je chanterai Ă©ternellement les misĂ©ricordes du Seigneur. [âŠ] Sera-ce ma propre justice que je cĂ©lĂ©brerai ? Non, Seigneur, je me souviendrai de votre seule justice » ». Car la vĂŽtre est aussi la mienne, parce que vous ĂȘtes devenu vous-mĂȘme ma propre justice. »Ne laissons pas passer PĂąques sans avoir fait, ou renouvelĂ©, le coup dâaudace de la vie chrĂ©tienne suggĂ©rĂ© par saint Bernard. Saint Paul exhorte souvent les chrĂ©tiens Ă revĂȘtir le Christ ». Lâimage de se dĂ©vĂȘtir et de se revĂȘtir nâindique pas seulement une opĂ©ration ascĂ©tique consistant Ă abandonner certains habits » et Ă les remplacer par dâautres, câest-Ă -dire Ă abandonner les vices et Ă acquĂ©rir les vertus. Câest avant tout une opĂ©ration Ă faire par la foi. On se place devant le crucifix et, par un acte de foi, on lui donne tous ses pĂ©chĂ©s, sa misĂšre passĂ©e et prĂ©sente, comme celui qui se dĂ©pouille de ses guenilles sales et les jette au feu. Puis il se revĂȘt de la justice que le Christ nous a acquise ; il dit, comme le publicain du Temple Ă Dieu, aie pitiĂ© de moi, pĂ©cheur ! » et il rentre chez lui comme lui, justifiĂ© ». » Ce serait vraiment faire la PĂąque », pour rĂ©aliser le saint passage » !Bien sĂ»r, tout ne se termine pas ici. De lâappropriation, nous devons passer Ă lâimitation. Le Christ â faisait remarquer le philosophe Kierkegaard Ă ses amis luthĂ©riens â nâest pas seulement le don de Dieu Ă accepter par la foi » ; câest aussi le modĂšle Ă imiter dans sa vie ». Je voudrais souligner un point concret sur lequel chercher Ă imiter lâaction de Dieu ce que Cabasilas a mis en lumiĂšre avec la distinction entre lâamour de bienfaisance et lâamour de la crĂ©ation, Dieu a manifestĂ© son amour pour nous en nous comblant de dons la nature avec sa magnificence en dehors de nous, et lâintelligence, la mĂ©moire, la libertĂ© et tous les autres dons en nous. Mais cela ne lui a pas suffi. En Christ, il a voulu souffrir avec nous et pour nous. Câest la mĂȘme chose aussi dans les relations des crĂ©atures entre elles. Lorsquâun amour fleurit, on ressent immĂ©diatement le besoin de le manifester en offrant des cadeaux Ă la personne aimĂ©e. Câest ce que font les fiancĂ©s entre eux. Mais nous savons comment les choses se passent une fois mariĂ©s, les limites, les difficultĂ©s, les diffĂ©rences de caractĂšre apparaissent. Il ne suffit plus de faire des cadeaux ; pour poursuivre et maintenir son mariage en vie, il faut apprendre Ă porter les fardeaux les uns des autres », Ă souffrir lâun pour lâautre et lâun avec lâautre. Câest ainsi que lâeros, sans faillir, devient Ă©galement agapĂš, amour de don et pas seulement de recherche. BenoĂźt XVI, dans lâencyclique dĂ©jĂ citĂ©e, sâexprime ainsi MĂȘme si, initialement, lâeros est surtout sensuel, ascendant â fascination pour la grande promesse de bonheur â, lorsquâil sâapproche ensuite de lâautre, il se posera toujours moins de questions sur lui-mĂȘme, il cherchera toujours plus le bonheur de lâautre, il se prĂ©occupera toujours plus de lâautre, il se donnera et il dĂ©sirera ĂȘtre pour » lâautre. Câest ainsi que le moment de lâagapĂš sâinsĂšre en lui ; sinon lâeros dĂ©choit et perd aussi sa nature mĂȘme. Dâautre part, lâhomme ne peut pas non plus vivre exclusivement dans lâamour oblatif, descendant. Il ne peut pas toujours seulement donner, il doit aussi recevoir. Celui qui veut donner de lâamour doit lui aussi le recevoir comme un lâagir de Dieu ne concerne pas seulement le mariage et les Ă©poux ; dans un sens diffĂ©rent, cela nous concerne tous, les consacrĂ©s avant tout autre. Le progrĂšs, dans notre cas, consiste Ă passer de faire beaucoup de choses pour le Christ et pour lâĂglise », Ă souffrir pour le Christ et pour lâĂglise ». Il se passe dans la vie religieuse ce qui se passe dans le mariage et il ne faut pas sâen Ă©tonner, Ă partir du moment oĂč câest aussi un mariage, des Ă©pousailles avec le jour, MĂšre Teresa de Calcutta parlait Ă un groupe de femmes et les exhortait Ă sourire Ă leur mari. Lâune dâelle objecta MĂšre, vous parlez comme ça parce que vous nâĂȘtes pas mariĂ©e et que vous ne connaissez pas mon mari ». Elle lui rĂ©pondit Vous vous trompez. Moi aussi je suis mariĂ©e, et je vous assure que parfois, ce nâest pas facile pour moi non plus de sourire Ă mon Ă©poux ». AprĂšs sa mort, on a dĂ©couvert Ă quoi la sainte faisait allusion en ces mots. Ă la suite de lâappel Ă se mettre au service des plus dĂ©munis, elle sâĂ©tait engagĂ©e Ă travailler avec enthousiasme pour son Ă©poux divin, en crĂ©ant des Ćuvres qui Ă©merveillĂšrent le monde aussi Les petits conseils » de MĂšre Teresa pour un mariage heureuxBientĂŽt, cependant, la joie et lâenthousiasme ont Ă©chouĂ©, elle tomba dans une nuit obscure qui lâaccompagna pendant tout le reste de sa vie. Elle finit par se demander si elle avait encore la foi, si bien que lorsquâaprĂšs sa mort on publia son journal intime, quelquâun, ignorant totalement des choses de lâesprit, parla mĂȘme dâun athĂ©isme de MĂšre Teresa ». La saintetĂ© extraordinaire de MĂšre Teresa rĂ©side dans le fait quâelle a vĂ©cu tout cela dans un silence absolu, dissimulant sa dĂ©solation intĂ©rieure sous un sourire constant sur le visage. En elle, nous voyons ce que cela signifie de passer de faire des choses pour Dieu », Ă souffrir pour Dieu et pour lâĂglise ».Câest un objectif trĂšs difficile, mais heureusement, JĂ©sus sur la croix ne nous a pas simplement donnĂ© lâexemple de ce nouveau type dâamour ; il nous a mĂ©ritĂ© aussi la grĂące de nous le faire nĂŽtre, de nous lâapproprier par la foi et les sacrements. Câest pour cela que monte de nos cĆurs, au long de la Semaine sainte, le cri de lâĂglise Adoramus te, Christe et benedicimus tibi, quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum ». Nous tâadorons, ĂŽ Christ, et nous te bĂ©nissons, parce que tu as rachetĂ© le monde par ta Sainte vĂ©nĂ©rĂ©s PĂšres, frĂšres et sĆurs, bonne et sainte PĂąque !Lire aussi MĂ©ditation de CarĂȘme Câest le Seigneur ton Dieu que tu adoreras »Lire aussi MĂ©ditation de CarĂȘme LâidolĂątrie, antithĂšse du Dieu vivant »Lire aussi MĂ©ditation de CarĂȘme Rentre en toi-mĂȘme ! »Lire aussi MĂ©ditation de CarĂȘme Heureux les cĆurs purs, car ils verront Dieu »
Diffusezle ou sautez-le :âSelling The OCâsur Netflix, un spin-offâSelling Sunsetâavec plus dâagents, plus de drames et des propriĂ©tĂ©s plus chĂšres OpĂ©ration de Los Angeles dans un avant-poste dâĂ©lite de Newport Beach dans Selling the OC. 11 agents ont Ă©tĂ© embauchĂ©s pour leur nouveau bureau, avec un mĂ©lange de personnalitĂ©s et