Lapartition, les enregistrements et les paroles du chant Ce qu'il y a de fou dans le Monde (1co 1, 27) (Canon) - StĂ©phane Caillat du compositeur StĂ©phane Caillat et de l’auteur
Les expressions françaises dĂ©cortiquĂ©es explications sur l'origine, signification, exemples, traductions on n'est pas pressĂ©s ; il n'y a aucune urgence ; ça peut attendre Origine et dĂ©finition L'expression d'origine, qui date du XXe siĂšcle, est tout simplement "il n'y a pas le feu" ou, en raccourci, "y'a pas l'feu". Son message est trĂšs clair s'il n'y a pas le feu, il n'y a aucune raison de se presser sous-entendu pour aller l'Ă©teindre. Si quelques facĂ©tieux ont jugĂ© utile de rajouter "au lac", c'est par moquerie de la proverbiale lenteur de nos amis Suisses qui sont supposĂ©s avoir du mal Ă  se dĂ©pĂȘcher[1] "y'a l'feu ou bien ? Bon alors si y'a pas l'feu, on n'a vraiment pas besoin de s'presser" Ă  prononcer avec l'accent traĂźnant et chantant suisse, bien sĂ»r. Pourquoi "au lac" ? Eh bien simplement parce que le LĂ©man est un des symboles de la Suisse et que l'ajout de l'absurditĂ© d'un lac qui prendrait feu ne fait que rajouter un cran dans la moquerie. Mais on trouve aussi "dans les montres" ou mĂȘme "au robinet". [1] On peut toutefois se demander ce qu'il en est rĂ©ellement, car je constate frĂ©quemment que, lorsqu'une voiture Ă©trangĂšre me double Ă  allure rapide sur autoroute alors que je suis dĂ©jĂ  Ă  la limite de la prune bien mĂ©ritĂ©e, il s'agit souvent d'un Suisse. Pour continuer dans le dĂ©nigrement de nos neutres voisins autant grouper et ne plus y revenir, le Suisse a aussi la rĂ©putation d'ĂȘtre Ă©troit d'esprit. Je ne sais pas si c'est confirmĂ© dans la rĂ©alitĂ©, mais il est vrai qu'on en trouve assez facilement tout un catalogue, d'Ă©troits Suisses . Redoutable, non ? Exemples En tout bon vaudois, y' a pas le feu au lac, ce site sera construit Ă  la rapiditĂ© inversĂ©ment proportionnelle aux activitĂ©s dĂ©bordantes du ouaibe-mestre, de la mĂ©tĂ©o et s'il n'a rien d'autre Ă  foutimasser. Pour l'instant c'est un peu miquelet mais qui ne peut ne peut. » - Le site qui cause vaudois Comment dit-on ailleurs ? Langue Expression Ă©quivalente Traduction littĂ©rale Allemand immer mit der Ruhe! toujours avec la tranquillitĂ© Allemand kein Grund zur Eile pas de raison pour ĂȘtre pressĂ© Allemand lass dir Zeit! prends ton temps! Allemand das kann warten! ca peut attendre! Anglais there is no panic pas de panique Anglais USA it's no big deal! ce n'est pas une grande affaire! Anglais USA where's the fire ? oĂč est le feu ? Autre on es el foc? oĂč est le feu? Bulgare ĐœŃĐŒĐ° Đ·ĐŸŃ€ / ĐżĐŸĐ¶Đ°Ń€ il n'y a pas urgence / le feu Espagnol Argentine no nos corre nadie personne ne nous poursuit Espagnol Espagne ÂżDĂłnde estĂĄ el fuego? oĂč est le feu? Français Canada il y a pas le feu dans la maison Français France on est pas au feu ! Hongrois nem hajt / kerget a tatĂĄr les Tatars ne te chassent / poursuivent pas Hongrois nem Ă©g a hĂĄz! la maison ne brĂ»le pas HĂ©breu ڜڐ Ś‘Ś•ŚąŚš! ça ne brĂ»le pas ! HĂ©breu rĂ©ga, rĂ©ga ! minute, minute ! Italien non ci insegue nessuno personne ne nous poursuit NĂ©erlandais keulen en Aken zijn niet in één dag gebouwd cologne et Aex-la-Chapelle n'ont pas Ă©tĂ© bĂątis en un seul jour NĂ©erlandais moet je gaan hooien? tu dois aller faire les foins? NĂ©erlandais rustig / langzaam aan, dan breekt het lijntje niet calme-toi alors la ligne ne se cassera pas Roumain că doar nu arde quand mĂȘme, il n'y a pas le feu Roumain doar nu dau turcii / tătarii ! les Turcs / Tatares n'attaquent pas, quand mĂȘme ! Serbe ne gori kuca ! il n'y a pas le feu dans la maison Turc ocakta ateßi olmamak ne pas avoir le feu au foyer Turc ocakta yemeği olmamak ne pas avoir le plat au foyer Wallon Belgique il n'y a rin qui broĂ»le il n'y a rien qui brĂ»le Ajouter une traduction Si vous souhaitez savoir comment on dit il n'y a pas le feu au lac ! » en anglais, en espagnol, en portugais, en italien ou en allemand, cliquez ici. Ci-dessus vous trouverez des propositions de traduction soumises par notre communautĂ© d'utilisateurs et non vĂ©rifiĂ©es par notre Ă©quipe. En Ă©tant enregistrĂ©, vous pourrez Ă©galement en ajouter vous-mĂȘme. En cas d'erreur, signalez-les nous dans le formulaire de contact. Variantes C'est la goutte d'eau... qui met le feu au lac ! Uneproche de Poutine tuĂ©e Ă  Moscou: \ La journaliste et politologue Daria Douguine, fille d'un idĂ©ologue ultranationaliste proche de Vladimir Poutine, Alexandre Douguine, a Ă©tĂ© tuĂ©e samedi
RĂ©sumons l'affaire nous sommes en 1897 et Dieu est mort. Ce n'est pas rien. Pendant tout le XIXe siĂšcle, romanciers, poĂštes, philosophes ont travaillĂ© d'arrache-pied Ă  inventer une nouvelle religion civile dĂ©livrĂ©e du dogme chrĂ©tien. Ils ont proposĂ© d'adorer l'Homme, le Beau ou encore la Raison, en vain. La science a pris le dessus, le hasard s'est imposĂ© comme loi. Depuis, tout n'est que non-sens et absurditĂ©. De ce combat, StĂ©phane MallarmĂ© fut un acteur peu connu. On l'imagine en poĂšte retirĂ© du monde, occupĂ© Ă  sculpter ses abolis bibelots».En rĂ©alitĂ©, comme ses pairs, il n'a cessĂ© d'ĂȘtre blessĂ© par le dĂ©senchantement du monde. Lui aussi pense qu'il n'y a pas de sociĂ©tĂ© sans cĂ©rĂ©monies collectives et que la mission du poĂšte est d'offrir un culte capable de satisfaire l'esprit moderne», rĂ©sume Quentin Meillassoux. MallarmĂ© nourrissait un rĂȘve fou Ă©crire un livre, le Livre» supposĂ© combler Ă  lui seul le besoin d'adoration de ses contemporains. Un cĂ©rĂ©monial rĂ©glĂ© avec une minutie maniaque devait en encadrer la lecture publique. StĂ©phane MallarmĂ© cCosta-leemage De Livre», pourtant, il n'y eut point. Car la poĂ©sie est Ă  son tour gagnĂ©e par le dĂ©litement. En quelques annĂ©es, l'alexandrin, article de foi de la mĂ©trique française, est mis Ă  mort par le vers libre». Comment la poĂ©sie pourrait-elle devenir un nouveau rite social si sa propre liturgie Ă©tait en train de se dĂ©faire? C'est alors qu'en 1897, deux avant sa mort, MallarmĂ© publie Un coup de dĂ©s jamais n'abolira le hasard». PoĂšme hors norme qui s'Ă©tale sur onze doubles pages, joue de toutes les variations typographiques taille, majuscules, italique - et rĂ©pand autour de la sentence principale un semis de propositions secondaires. Il y est question d'un MaĂźtre» dont le navire fait naufrage et qui, avant d'ĂȘtre avalĂ© par les flots, s'apprĂȘte Ă  lancer les dĂ©s en un ultime dĂ©fi au Ciel dĂ©sertĂ©. AllĂ©gorie transparente de l'Ă©croulement de l'ordre d'hier et de l'avĂšnement de l'incertitude. Hallucination Ă©parse d'agonie», dit le poĂšte. Etait-ce lĂ  le Livre» d'une nouvelle religion? Bien sĂ»r, il n'en fut rien. Pourtant, tout en s'imposant comme une oeuvre clĂ©, commentĂ©e par Sartre, Blanchot, Deleuze ou RanciĂšre, le Coup de dĂ©s» a nourri trĂšs vite un fantasme Ă©sotĂ©rique. Et si MallarmĂ© avait glissĂ© un code cachĂ©? Les notes prĂ©paratoires au Livre» ne dĂ©voilent-elles pas un fou de numĂ©rologie? Son rituel n'Ă©tait-il organisĂ© autour du 5, du 7, du 12...?La suite aprĂšs la publicitĂ© DĂ©jĂ , Igitur», rĂ©cit inachevĂ© Ă©crit trente ans plus tĂŽt et qui raconte lui aussi un lancer de dĂ©s, tournait autour du 12. Mais les divers dĂ©chiffrages tournĂšrent court et l'esprit postmoderne fut renforcĂ© dans sa croyance il n'y a pas de code, l'Art ne saurait remplacer Dieu et le poĂšme terminal de MallarmĂ© n'est qu'un sublime Ă©chec. Comme l'Ă©crit RanciĂšre MallarmĂ© n'est pas un auteur hermĂ©tique, c'est un auteur difficile.» C'est alors qu'arrive Quentin Meillassoux, l'un des philosophes les plus originaux et les plus brillants de la nouvelle gĂ©nĂ©ration. Avec AprĂšs la finitude», paru en 2006 et considĂ©rĂ© par le philosophe Slavoj Zizek comme l'ouvrage majeur de ces derniĂšres annĂ©es, il s'est engagĂ© dans un travail de longue haleine visant Ă  fonder une nouvelle mĂ©taphysique - oui, rien que cela - autour de la notion de contingence». En rĂ©sumĂ© si Dieu est mort, tout devient alĂ©atoire et plus aucun Absolu ne s'impose Ă  nous... sinon la contingence elle-mĂȘme. Et s'il faut prĂ©server la possibilitĂ© d'un Absolu, c'est que lui seul peut nous protĂ©ger du retour paradoxal des idoles. Avec fĂ©rocitĂ©, Meillassoux dĂ©sosse le relativisme contemporain qui, au prĂ©texte que Dieu n'existe plus, encourage chacun Ă  croire Ă  ce qu'il veut. En somme un traitement mĂ©taphysique de nos dĂ©sordres les plus actuels. Penseur de la contingence, Meillassoux ne pouvait qu'aller vers le poĂšte du hasard. Le dilemme de MallarmĂ© ressemble au sien comment prendre acte de la mort de l'alexandrin sans renoncer Ă  la poĂ©sie mĂ©trique, sinon en poussant le vers libre jusqu'Ă  sa forme absolue? Reste Ă  savoir laquelle. Or un beau jour, pour s'amuser, Meillassoux se demande de combien de mots sont faits deux sonnets fameux de MallarmĂ©, A la nue accablante...» et Salut». Le premier en compte 70, le second 77. Hasard? Esquisse d'une logique? Et si le secret du Coup de dĂ©s» Ă©tait dans le nombre de mots du poĂšme tout entier? Et si dans sa forme autant que dans son contenu il inventait une nouvelle mĂ©trique, stricte comme l'alexandrin et alĂ©atoire comme le vers libre? C'est cette hypothĂšse que Meillassoux vĂ©rifie dans le Nombre et la SirĂšne», essai virtuose, Ă©crit d'une langue trĂšs Ă©lĂ©gante, et qu'il n'est nul besoin d'ĂȘtre spĂ©cialiste de MallarmĂ© pour suite aprĂšs la publicitĂ© Quentin MEILLASSOUX, ĂągĂ© de 43 ans, enseigne la philosophie Ă  l'ENS de la rue d'Ulm. En dĂ©saccord avec le discours sur la fin de la mĂ©taphysique, nourri de l'ontologie mathĂ©matique d'Alain Badiou, il s'est fixĂ© pour tĂąche de construire son propre systĂšme philosophique "un rĂ©gime irreligieux du divin". cDR Comme pour une enquĂȘte policiĂšre, il scrute le poĂšme, accumule les indices. Sous le MaĂźtre» naufragĂ©, il dĂ©masque le MĂštre» français. Abandonnant les anciens calculs» l'alexandrin au cours d'une mĂ©morable crise » la crise du vers, le maĂźtre nourrit l'espoir d'un unique Nombre» le vers qu'est en train d'inventer MallarmĂ©. ExistĂąt-il? [...] Se chiffrĂąt-il ?», Ă©crit MallarmĂ© un chiffrage» est donc bien Ă  l'oeuvre. Impossible de dĂ©tailler ici l'investigation. Disons seulement que le chiffre 7, symbole thĂ©ologique, s'impose vite comme suspect principal et que tout va se jouer dans la double page centrale du poĂšme, oĂč deux comme si» si Ă©tant la septiĂšme note de la gamme entourent une mĂ©ditation sur le gouffre le 0». D'oĂč le tiercĂ© gagnant de Meillassoux 7» Dieu, 0» le NĂ©ant, 7» le nouveau Dieu l'Art. Soit 707», qui est aussi le nombre de mots que compte le poĂšme. Un seul vers, donc, unique, mĂ©trĂ© et libre Ă  la fois, profilĂ© comme un fuselage d'avion. Soixante ans plus tard, les ingĂ©nieurs de Boeing retombĂšrent sur le mĂȘme nombre lorsqu'ils voulurent chiffrer l'expĂ©rience moderne par excellence la traversĂ©e gĂ©omĂ©trique d'un ciel sans Dieu. Reste, une fois qu'on a cassé» le code, Ă  comprendre le message. L'interprĂ©tation philosophico-politique qu'avance Meillassoux paraĂźtra tirĂ©e par les cheveux, mais elle s'inscrit dans la logique de ses travaux. Dans une trentaine d'annĂ©es, rappelle-t-il, on rejette en bloc les diverses tentatives du XIXe - de Lamartine Ă  Hugo, de Saint-Simon Ă  Zola, de Hegel Ă  Marx - pour donner un nouveau sens Ă  la vie. Le ProgrĂšs et la RĂ©volution sont de grands RĂ©cits morts» conduisant au crime totalitaire. S'il s'avĂ©rait qu'au moins l'une de ces figures du Grand SiĂšcle avait en rĂ©alitĂ© remportĂ© son pari - en l'occurrence MallarmĂ©, en produisant un vers entiĂšrement neuf -, c'est un peu de notre dĂ©sabusement» qui serait dĂ©menti. EbranlĂ©, sinon aboli, par un simple Coup de dĂ©s». Eric AeschimannLa suite aprĂšs la publicitĂ© Le Nombre et la SirĂšne,par Quentin Meillassoux,Fayard, 248 p., 19 euros. => A lire sur BibliObs la rĂ©action de Bertrand Marchal, responsable de l'Ă©dition des Oeuvres complĂštes» de MallarmĂ© dans la PlĂ©iade. => A vos agendas Le code secret de MallarmĂ© enfin dĂ©voilĂ©?», intervention de Quentin Meillassoux dans le cadre de la Semaine de la Pop Philosophie Ă  Marseille, sera suivie d'un Ă©change avec Eric Aeschimann, le 18 octobre Ă  19h Centre de la Vieille CharitĂ©, Centre International de PoĂ©sie Marseille, 2 rue de la CharitĂ© - 13002 Marseille. Source "Le Nouvel Observateur" du 29 septembre 2011.
Jefais ce post pour parler dans quel monde de fou on est surtout de ce qui passe en ce moment : La guerre entre Russie - Ukraine. Je pense que tout le monde est inquiet , ses derniers jours ça a était le seul sujet de discussion avec mes camarades de classe et mes copines. C'est comme le Covid. Au début , on a tous crues qu'on allait
PrĂ©dicateur de la Maison pontificale, le pĂšre capucin Raniero Cantalamessa a prononcĂ© ce vendredi 12 avril la cinquiĂšme mĂ©ditation du temps de le Nouveau Testament comme dans l’histoire de la thĂ©ologie, certaines choses ne peuvent se comprendre que si l’on tient compte d’un fait fondamental, Ă  savoir l’existence de deux approches diffĂ©rentes, bien que complĂ©mentaires, du mystĂšre du Christ celle de Paul et celle de voit le mystĂšre du Christ Ă  partir de l’incarnation. JĂ©sus, le Verbe fait chair, est pour lui le rĂ©vĂ©lateur suprĂȘme du Dieu vivant, celui en-dehors duquel personne ne va au PĂšre ». Le salut consiste Ă  reconnaĂźtre que JĂ©sus est venu dans la chair » et Ă  croire qu’il est le Fils de Dieu » ; Celui qui a le Fils possĂšde la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu ne possĂšde pas la vie ». Comme nous le voyons, au centre de tout se trouve la personne » de JĂ©sus l’ particularitĂ© de cette vision johannique saute aux yeux si on la compare Ă  celle de Paul. Pour Paul, au centre de l’attention, il n’y a pas tant la personne du Christ, comprise comme rĂ©alitĂ© ontologique, que l’Ɠuvre du Christ, c’est-Ă -dire le mystĂšre pascal de sa mort et de sa rĂ©surrection. Le salut ne consiste pas tant Ă  croire que JĂ©sus est le Fils de Dieu venu dans notre chair, mais Ă  croire en JĂ©sus livrĂ© pour nos fautes et ressuscitĂ© pour notre justification ». L’évĂ©nement central n’est pas l’incarnation, mais le mystĂšre serait une erreur fatale d’y voir une dichotomie Ă  l’origine mĂȘme du christianisme. Quiconque lit le Nouveau Testament sans prĂ©jugĂ© comprend que chez Jean, l’incarnation est en vue du mystĂšre pascal, quand JĂ©sus dĂ©versera son Esprit sur l’humanitĂ© ; le lecteur comprend Ă©galement que pour Paul, le mystĂšre pascal suppose et se fonde sur l’incarnation. Celui qui s’est fait obĂ©issant jusqu’à la mort et Ă  la mort sur la croix est celui qui avait la condition de Dieu », Ă©tait Ă©gal Ă  Dieu. Les formules trinitaires dans lesquelles JĂ©sus-Christ est mentionnĂ© avec le PĂšre et le Saint-Esprit confirment que pour Paul, l’Ɠuvre du Christ prend son sens dans sa aussi Prier la TrinitĂ©, mission impossible ?L’accentuation diffĂ©rente des deux pĂŽles du mystĂšre reflĂšte le chemin historique que la foi en Christ a fait aprĂšs PĂąques. Jean reflĂšte la phase la plus avancĂ©e de la foi en Christ, celle que l’on trouve Ă  la fin, et non au dĂ©but de la rĂ©daction des Ă©crits nĂ©otestamentaires. Il est au terme d’un processus qui est de remonter aux sources du mystĂšre du Christ. On le remarque quand on regarde d’oĂč commencent les quatre Ă©vangiles. Marc commence son Ă©vangile Ă  partir du baptĂȘme de JĂ©sus dans le Jourdain ; Matthieu et Luc, qui arrivent aprĂšs, font un pas en arriĂšre et commencent l’histoire de JĂ©sus quand il naĂźt de Marie ; Jean, qui Ă©crit en dernier, fait un saut en arriĂšre dĂ©cisif et situe le dĂ©but de l’histoire du Christ, non plus dans le temps, mais dans l’éternitĂ© Au commencement Ă©tait le Verbe, et le Verbe Ă©tait auprĂšs de Dieu, et le Verbe Ă©tait Dieu ».La raison de ce dĂ©placement d’intĂ©rĂȘt est bien connue. Entre temps, la foi est entrĂ©e au contact de la culture grecque, qui s’intĂ©resse davantage Ă  la dimension ontologique qu’à la dimension historique. Ce qui compte pour elle, c’est moins le dĂ©ploiement des faits que leur fondement l’archĂš. À ce facteur environnemental s’ajoutent les premiers signes de l’hĂ©rĂ©sie docĂ©tiste qui remettait en question la rĂ©alitĂ© de l’incarnation. Le dogme christologique des deux natures et de l’unitĂ© de la personne du Christ se fondera presque entiĂšrement sur la perspective johannique du Logos fait est important d’en tenir compte pour comprendre la diffĂ©rence et la complĂ©mentaritĂ© entre la thĂ©ologie orientale et la thĂ©ologie occidentale. Les deux perspectives, la paulinienne et la johannique, tout en se fondant l’une dans l’autre comme on le voit dans le symbole de NicĂ©e-Constantinople, conservent leur accentuation diffĂ©rente, comme deux fleuves qui, se coulant l’un dans l’autre, conservent chacun la couleur propre de ses eaux sur un long parcours. La thĂ©ologie et la spiritualitĂ© orthodoxes se fondent principalement sur Jean ; l’occidentale la protestante encore plus que la catholique se fonde principalement sur Paul. Au sein de cette mĂȘme tradition grecque, l’école alexandrine est plutĂŽt johannique, l’antiochienne plus paulinienne. L’une fait consister le salut dans la divinisation, l’autre dans l’imitation du croix, sagesse de Dieu et puissance de DieuJe voudrais maintenant montrer ce que tout cela implique pour notre recherche du visage du Dieu vivant. À la fin des mĂ©ditations de l’Avent, j’ai parlĂ© du Christ de Jean qui, au moment mĂȘme oĂč il se fait chair, introduit la vie Ă©ternelle dans le monde. Au terme de ces mĂ©ditations de CarĂȘme, je voudrais parler du Christ de Paul, qui change le destin de l’humanitĂ© sur la croix. Écoutons tout de suite le texte oĂč apparaĂźt le plus clairement la perspective paulinienne sur laquelle nous voulons rĂ©flĂ©chir Puisque, en effet, par une disposition de la sagesse de Dieu, le monde, avec toute sa sagesse, n’a pas su reconnaĂźtre Dieu, il a plu Ă  Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile. Alors que les Juifs rĂ©clament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifiĂ©, scandale pour les Juifs, folie pour les nations paĂŻennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. »L’ApĂŽtre parle d’une nouveautĂ© dans l’agir de Dieu, presque un changement de rythme et de mĂ©thode. Le monde n’a pas su reconnaĂźtre Dieu dans la splendeur et la sagesse de sa crĂ©ation ; Dieu dĂ©cide alors de se rĂ©vĂ©ler de maniĂšre opposĂ©e, Ă  travers l’impuissance et la folie de la croix. On ne peut lire cette affirmation de Paul sans se souvenir de la parole de JĂ©sus PĂšre, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange ce que tu as cachĂ© aux sages et aux savants, tu l’as rĂ©vĂ©lĂ© aux tout-petits ».Comment interprĂ©ter ce renversement de valeurs ? Luther parlait de la façon qu’a Dieu de se rĂ©vĂ©ler sub contraria specie », c’est-Ă -dire Ă  travers le contraire de ce que l’on pourrait attendre de lui. Il est toute-puissance et se rĂ©vĂšle dans l’impuissance, il est sagesse et se rĂ©vĂšle dans la folie, il est gloire et se rĂ©vĂšle dans l’ignominie, il est richesse et se rĂ©vĂšle dans la aussi L’humilitĂ© de DieuLa thĂ©ologie dialectique de la premiĂšre moitiĂ© du siĂšcle dernier a conduit cette vision Ă  des consĂ©quences extrĂȘmes. Entre la premiĂšre et la deuxiĂšme maniĂšre qu’a Dieu de se manifester, il n’y a pas – d’aprĂšs Karl Barth – continuitĂ©, mais rupture. Il ne s’agit pas d’une succession seulement temporelle, comme entre l’Ancien et le Nouveau Testament, mais d’une opposition ontologique. En d’autres termes, la grĂące ne construit pas sur la nature, mais contre elle ; elle touche le monde comme la tangente le cercle », c’est-Ă -dire qu’elle l’effleure, mais sans y pĂ©nĂ©trer comme le fait au contraire la levure avec la pĂąte. C’est la seule diffĂ©rence qui, aux dires du mĂȘme Barth, le retenait de se dire catholique ; toutes les autres lui semblaient, par comparaison, sans grand intĂ©rĂȘt. À l’analogiaentis, il opposait Ă  l’analogia fidei, c’est-Ă -dire Ă  la collaboration entre nature et grĂące, l’opposition entre la parole de Dieu et tout ce qui appartient au XVI, dans son encyclique Deus caritas est », montre les consĂ©quences que cette vision diffĂ©rente a Ă  propos de l’amour. Karl Barth avait Ă©crit LĂ  oĂč l’amour chrĂ©tien entre en scĂšne, a commencĂ© immĂ©diatement le conflit avec l’autre amour [l’amour humain] et ce conflit est dĂ©sormais sans fin ». BenoĂźt XVI Ă©crit Ă  l’inverse Eros et agapĂš – amour ascendant et amour descendant- ne se laissent jamais complĂštement sĂ©parer l’un de l’autre [
]. La foi biblique ne construit pas un monde parallĂšle ou un monde opposĂ© au phĂ©nomĂšne humain originaire qui est l’amour, mais qu’elle accepte tout l’homme, intervenant dans sa recherche d’amour pour la purifier, lui ouvrant en mĂȘme temps de nouvelles dimensions ».L’opposition radicale entre nature et grĂące, entre crĂ©ation et rĂ©demption, finit par s’attĂ©nuer dans les Ă©crits postĂ©rieurs du mĂȘme Barth et ne trouve dĂ©sormais presque plus aucun partisan. Nous pouvons donc aborder avec plus de sĂ©rĂ©nitĂ© les Ă©crits de l’ApĂŽtre pour comprendre en quoi consiste rĂ©ellement la nouveautĂ© de la croix du la croix, Dieu s’est manifestĂ©, oui, sous son contraire », mais sous le contraire de ce que les hommes ont toujours pensĂ© de Dieu, et pas de ce que Dieu est rĂ©ellement. Dieu est amour, et c’est sur la croix que se rĂ©alise la manifestation suprĂȘme de son amour pour les hommes. Dans un certain sens, ce n’est que lĂ , sur la croix, que Dieu se rĂ©vĂšle dans sa propre espĂšce », dans ce qui lui est propre. On doit lire le texte de la premiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens sur le sens de la croix de Christ, Ă  la lumiĂšre d’un autre texte de Paul dans la Lettre aux Romains Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixĂ© par Dieu, est mort pour les impies que nous Ă©tions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est dĂ©jĂ  difficile ; peut-ĂȘtre quelqu’un s’exposerait-il Ă  mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous Ă©tions encore pĂ©cheurs. »Le thĂ©ologien byzantin mĂ©diĂ©val Nicolas Cabasilas 1322-1392 nous donne la meilleure clĂ© pour comprendre en quoi consiste la nouveautĂ© de la croix du Christ. Il Ă©crit Deux caractĂ©ristiques rĂ©vĂšlent l’amant et le font triompher la premiĂšre consiste Ă  faire du bien Ă  l’aimĂ© dans tout ce qui est possible, la seconde Ă  choisir de souffrir pour lui et de souffrir des choses terribles, si nĂ©cessaire. Ce dernier test d’amour de loin supĂ©rieur au premier, ne pouvait cependant pas convenir Dieu qui est impassible Ă  tout le mal [
]. Alors pour nous donner l’assurance de son grand amour et nous montrer qu’il nous aime d’un amour sans limites, Dieu invente son annihilation, la rĂ©alise et se rend capable de souffrir et d’endurer des choses terribles. Ainsi, avec tout ce qu’il endure, Dieu convainc les hommes de son extraordinaire amour pour eux et les attire Ă  nouveau Ă  lui. »Dans la crĂ©ation, Dieu nous a remplis de dons, dans la rĂ©demption, il a souffert pour nous. La relation entre les deux est celle d’un amour de bienfaisance qui se fait amour de aussi Mon CarĂȘme Laudato si’ dĂ©fi n°35, faire fructifier ses talentsMais qu’est-il arrivĂ© de si important dans la croix de Christ pour en faire le moment culminant de la rĂ©vĂ©lation du Dieu vivant de la Bible ? La crĂ©ature humaine cherche instinctivement Dieu dans le domaine de la puissance. Le titre qui suit le nom de Dieu est presque toujours omnipotent ». Et voilĂ  qu’en ouvrant l’Évangile, nous sommes invitĂ©s Ă  contempler l’impuissance absolue de Dieu sur la croix. L’Évangile rĂ©vĂšle que la vraie toute-puissance est l’impuissance totale du Calvaire. Il faut peu de puissance pour se faire valoir, il en faut beaucoup par contre pour se mettre de cĂŽtĂ©, pour s’anĂ©antir. Le Dieu chrĂ©tien est cette puissance illimitĂ©e d’effacement de soi !L’explication ultime rĂ©side donc dans le lien indĂ©fectible qui existe entre amour et humilitĂ©. Il s’est abaissĂ©, devenant obĂ©issant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ». Il s’est humiliĂ© en se faisant dĂ©pendant de l’objet de son amour. L’amour est humble parce que, de par sa nature, il crĂ©e une dĂ©pendance. Nous le voyons, en quelque sorte, dans ce qui se passe lorsque deux personnes tombent amoureuses. Le jeune homme qui, selon le rituel traditionnel, s’agenouille devant une jeune fille pour lui demander sa main, fait l’acte d’humilitĂ© le plus radical de sa vie, il se fait mendiant. C’est comme s’il disait Je ne me suffis pas Ă  moi-mĂȘme, j’ai besoin de toi pour vivre ». La diffĂ©rence essentielle rĂ©side dans le fait que la dĂ©pendance de Dieu Ă  l’égard de ses crĂ©atures provient uniquement de l’amour qu’il a pour elles, celle des crĂ©atures entre elles du besoin qu’elles ont l’une de l’autre. La rĂ©vĂ©lation de Dieu comme amour », Ă©crit Henri de Lubac, oblige le monde Ă  revoir toutes ses idĂ©es sur Dieu ». La thĂ©ologie et l’exĂ©gĂšse sont encore loin, je crois, d’en avoir tirĂ© toutes les consĂ©quences. Une de ces consĂ©quences est la suivante si JĂ©sus souffre atrocement sur la croix, il ne le fait pas principalement pour rembourser Ă  la place des hommes leur dette insolvable. Avec la parabole des deux serviteurs, dans Luc 7, 41, il explique d’avance que la dette des dix mille talents est cautionnĂ©e gratuitement par le roi !. Non, JĂ©sus meurt crucifiĂ© pour que l’amour de Dieu puisse rejoindre l’homme au lieu le plus Ă©loignĂ© oĂč il s’est mis en se rebellant contre lui, c’est-Ă -dire dans la mort. La mort mĂȘme est dĂ©sormais habitĂ©e par l’amour de Dieu. Dans son livre sur JĂ©sus de Nazareth, BenoĂźt XVI a Ă©crit L’injustice, le mal en tant que rĂ©alitĂ© ne peut pas ĂȘtre simplement ignorĂ©, on ne peut le laisser tomber. Il doit ĂȘtre digĂ©rĂ©, vaincu. C’est lĂ  la vraie misĂ©ricorde. Et que maintenant, puisque les hommes n’en sont pas capables, Dieu le fait lui-mĂȘme – c’est la bontĂ© inconditionnelle de Dieu. »Le motif traditionnel de l’expiation des pĂ©chĂ©s conserve, comme on peut le constater, toute sa validitĂ©, mais ce n’est pas la raison ultime. La raison ultime est la bontĂ© inconditionnelle de Dieu », son aussi Pourquoi la confession est-elle si difficile pour tout le monde ?Nous pouvons identifier trois Ă©tapes dans le cheminement de la foi pascale de l’Église. Au dĂ©but, il n’y a que deux faits Il est mort, il est ressuscitĂ© ». Vous l’avez crucifiĂ©, Dieu l’a ressuscitĂ© », crie Ă  la foule Pierre le jour de la PentecĂŽte Ac 2, 23-24. Dans une deuxiĂšme phase, la question se pose Pourquoi est-il mort et pourquoi est-il ressuscitĂ© ? ». La rĂ©ponse est le kĂ©rygme livrĂ© pour nos fautes et ressuscitĂ© pour notre justification. » Il restait toujours une question Et pourquoi est-il mort pour nos pĂ©chĂ©s ? Qu’est-ce qui l’a poussĂ© Ă  le faire ? ». La rĂ©ponse unanime, sur ce point, de Paul et Jean est Parce qu’il nous a aimĂ©s ». Il m’a aimĂ© et s’est livrĂ© lui-mĂȘme pour moi », Ă©crit Paul ; Ayant aimĂ© les siens qui Ă©taient dans le monde, il les aima jusqu’au bout », Ă©crit rĂ©ponseQuelle sera notre rĂ©ponse face au mystĂšre que nous avons contemplĂ© et que la liturgie nous fera revivre au cours de la Semaine sainte ? La premiĂšre rĂ©ponse, fondamentale, est celle de la foi. Pas n’importe quelle foi, mais la foi par laquelle nous nous approprions ce que le Christ nous a acquis. La foi qui s’empare » du Royaume des cieux Mt 11, 12. L’ApĂŽtre conclut le texte dont nous sommes partis avec ces mots Le Christ JĂ©sus [
] est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification, rĂ©demption. Ainsi, comme il est Ă©crit celui qui veut ĂȘtre fier, qu’il mette sa fiertĂ© dans le Seigneur. »Ce que le Christ est devenu pour nous » – justice, saintetĂ© et rĂ©demption – nous appartient ; c’est encore plus Ă  nous que si nous l’avions fait ! Je ne me lasse pas de rĂ©pĂ©ter, Ă  cet Ă©gard, ce que saint Bernard de Clairvaux a Ă©crit Mais pour moi, ce que je ne trouve pas en moi, je le prends [littĂ©rairement, je l’usurpe] avec confiance dans les entrailles du Sauveur, parce qu’elles sont toutes pleines d’amour. [
] La misĂ©ricorde du Seigneur est donc la matiĂšre de mes mĂ©rites. J’en aurai toujours tant qu’il daignera avoir de la compassion pour moi. Et ils seront abondants si les misĂ©ricordes sont abondantes. Si les misĂ©ricordes du Seigneur sont Ă©ternelles pour moi, je chanterai Ă©ternellement les misĂ©ricordes du Seigneur. [
] Sera-ce ma propre justice que je cĂ©lĂ©brerai ? Non, Seigneur, je me souviendrai de votre seule justice » ». Car la vĂŽtre est aussi la mienne, parce que vous ĂȘtes devenu vous-mĂȘme ma propre justice. »Ne laissons pas passer PĂąques sans avoir fait, ou renouvelĂ©, le coup d’audace de la vie chrĂ©tienne suggĂ©rĂ© par saint Bernard. Saint Paul exhorte souvent les chrĂ©tiens Ă  revĂȘtir le Christ ». L’image de se dĂ©vĂȘtir et de se revĂȘtir n’indique pas seulement une opĂ©ration ascĂ©tique consistant Ă  abandonner certains habits » et Ă  les remplacer par d’autres, c’est-Ă -dire Ă  abandonner les vices et Ă  acquĂ©rir les vertus. C’est avant tout une opĂ©ration Ă  faire par la foi. On se place devant le crucifix et, par un acte de foi, on lui donne tous ses pĂ©chĂ©s, sa misĂšre passĂ©e et prĂ©sente, comme celui qui se dĂ©pouille de ses guenilles sales et les jette au feu. Puis il se revĂȘt de la justice que le Christ nous a acquise ; il dit, comme le publicain du Temple Ô Dieu, aie pitiĂ© de moi, pĂ©cheur ! » et il rentre chez lui comme lui, justifiĂ© ». » Ce serait vraiment faire la PĂąque », pour rĂ©aliser le saint passage » !Bien sĂ»r, tout ne se termine pas ici. De l’appropriation, nous devons passer Ă  l’imitation. Le Christ – faisait remarquer le philosophe Kierkegaard Ă  ses amis luthĂ©riens – n’est pas seulement le don de Dieu Ă  accepter par la foi » ; c’est aussi le modĂšle Ă  imiter dans sa vie ». Je voudrais souligner un point concret sur lequel chercher Ă  imiter l’action de Dieu ce que Cabasilas a mis en lumiĂšre avec la distinction entre l’amour de bienfaisance et l’amour de la crĂ©ation, Dieu a manifestĂ© son amour pour nous en nous comblant de dons la nature avec sa magnificence en dehors de nous, et l’intelligence, la mĂ©moire, la libertĂ© et tous les autres dons en nous. Mais cela ne lui a pas suffi. En Christ, il a voulu souffrir avec nous et pour nous. C’est la mĂȘme chose aussi dans les relations des crĂ©atures entre elles. Lorsqu’un amour fleurit, on ressent immĂ©diatement le besoin de le manifester en offrant des cadeaux Ă  la personne aimĂ©e. C’est ce que font les fiancĂ©s entre eux. Mais nous savons comment les choses se passent une fois mariĂ©s, les limites, les difficultĂ©s, les diffĂ©rences de caractĂšre apparaissent. Il ne suffit plus de faire des cadeaux ; pour poursuivre et maintenir son mariage en vie, il faut apprendre Ă  porter les fardeaux les uns des autres », Ă  souffrir l’un pour l’autre et l’un avec l’autre. C’est ainsi que l’eros, sans faillir, devient Ă©galement agapĂš, amour de don et pas seulement de recherche. BenoĂźt XVI, dans l’encyclique dĂ©jĂ  citĂ©e, s’exprime ainsi MĂȘme si, initialement, l’eros est surtout sensuel, ascendant – fascination pour la grande promesse de bonheur –, lorsqu’il s’approche ensuite de l’autre, il se posera toujours moins de questions sur lui-mĂȘme, il cherchera toujours plus le bonheur de l’autre, il se prĂ©occupera toujours plus de l’autre, il se donnera et il dĂ©sirera ĂȘtre pour » l’autre. C’est ainsi que le moment de l’agapĂš s’insĂšre en lui ; sinon l’eros dĂ©choit et perd aussi sa nature mĂȘme. D’autre part, l’homme ne peut pas non plus vivre exclusivement dans l’amour oblatif, descendant. Il ne peut pas toujours seulement donner, il doit aussi recevoir. Celui qui veut donner de l’amour doit lui aussi le recevoir comme un l’agir de Dieu ne concerne pas seulement le mariage et les Ă©poux ; dans un sens diffĂ©rent, cela nous concerne tous, les consacrĂ©s avant tout autre. Le progrĂšs, dans notre cas, consiste Ă  passer de faire beaucoup de choses pour le Christ et pour l’Église », Ă  souffrir pour le Christ et pour l’Église ». Il se passe dans la vie religieuse ce qui se passe dans le mariage et il ne faut pas s’en Ă©tonner, Ă  partir du moment oĂč c’est aussi un mariage, des Ă©pousailles avec le jour, MĂšre Teresa de Calcutta parlait Ă  un groupe de femmes et les exhortait Ă  sourire Ă  leur mari. L’une d’elle objecta MĂšre, vous parlez comme ça parce que vous n’ĂȘtes pas mariĂ©e et que vous ne connaissez pas mon mari ». Elle lui rĂ©pondit Vous vous trompez. Moi aussi je suis mariĂ©e, et je vous assure que parfois, ce n’est pas facile pour moi non plus de sourire Ă  mon Ă©poux ». AprĂšs sa mort, on a dĂ©couvert Ă  quoi la sainte faisait allusion en ces mots. À la suite de l’appel Ă  se mettre au service des plus dĂ©munis, elle s’était engagĂ©e Ă  travailler avec enthousiasme pour son Ă©poux divin, en crĂ©ant des Ɠuvres qui Ă©merveillĂšrent le monde aussi Les petits conseils » de MĂšre Teresa pour un mariage heureuxBientĂŽt, cependant, la joie et l’enthousiasme ont Ă©chouĂ©, elle tomba dans une nuit obscure qui l’accompagna pendant tout le reste de sa vie. Elle finit par se demander si elle avait encore la foi, si bien que lorsqu’aprĂšs sa mort on publia son journal intime, quelqu’un, ignorant totalement des choses de l’esprit, parla mĂȘme d’un athĂ©isme de MĂšre Teresa ». La saintetĂ© extraordinaire de MĂšre Teresa rĂ©side dans le fait qu’elle a vĂ©cu tout cela dans un silence absolu, dissimulant sa dĂ©solation intĂ©rieure sous un sourire constant sur le visage. En elle, nous voyons ce que cela signifie de passer de faire des choses pour Dieu », Ă  souffrir pour Dieu et pour l’Église ».C’est un objectif trĂšs difficile, mais heureusement, JĂ©sus sur la croix ne nous a pas simplement donnĂ© l’exemple de ce nouveau type d’amour ; il nous a mĂ©ritĂ© aussi la grĂące de nous le faire nĂŽtre, de nous l’approprier par la foi et les sacrements. C’est pour cela que monte de nos cƓurs, au long de la Semaine sainte, le cri de l’Église Adoramus te, Christe et benedicimus tibi, quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum ». Nous t’adorons, ĂŽ Christ, et nous te bĂ©nissons, parce que tu as rachetĂ© le monde par ta Sainte vĂ©nĂ©rĂ©s PĂšres, frĂšres et sƓurs, bonne et sainte PĂąque !Lire aussi MĂ©ditation de CarĂȘme C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras »Lire aussi MĂ©ditation de CarĂȘme L’idolĂątrie, antithĂšse du Dieu vivant »Lire aussi MĂ©ditation de CarĂȘme Rentre en toi-mĂȘme ! »Lire aussi MĂ©ditation de CarĂȘme Heureux les cƓurs purs, car ils verront Dieu »
Diffusezle ou sautez-le :”Selling The OC”sur Netflix, un spin-off”Selling Sunset”avec plus d’agents, plus de drames et des propriĂ©tĂ©s plus chĂšres OpĂ©ration de Los Angeles dans un avant-poste d’élite de Newport Beach dans Selling the OC. 11 agents ont Ă©tĂ© embauchĂ©s pour leur nouveau bureau, avec un mĂ©lange de personnalitĂ©s et
FrĂšres, vous qui avez Ă©tĂ© appelĂ©s par Dieu, regardez bien parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilĂ  ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilĂ  ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, mĂ©prisĂ© dans le monde, ce qui n’est rien, voilĂ  ce que Dieu a choisi pour dĂ©truire ce qui est quelque chose, afin que personne ne puisse s’enorgueillir devant Dieu. C’est grĂące Ă  Dieu, en effet, que vous ĂȘtes, dans le Christ JĂ©sus, qui a Ă©tĂ© envoyĂ© par lui pour ĂȘtre notre sagesse, pour ĂȘtre notre justice, notre sanctification, notre rĂ©demption. Ainsi, comme il est Ă©crit Celui qui veut s’enorgueillir, qu’il mette son orgueil dans le Seigneur. 1 Corinthiens 1, 26 – 31 J’ai envie de dĂ©border de gratitude Ă  l’égard de saint Paul pour ce texte. Comme l’Eglise l’a souvent oubliĂ© au cours des siĂšcles ! Et le nĂŽtre n’est pas exempt de ce travers. Je ne parviens toujours pas Ă  m’expliquer comment les catholiques les plus visibles et Ă©coutĂ©s soient encore les plus titrĂ©s et fortunĂ©s. Je donne un seul exemple qui m’a blessĂ©e il y a un an, j’ai envoyĂ© mon manuscrit Ă  deux maisons d’édition qui se consacrent plus spĂ©cialement aux ouvrages religieux. La premiĂšre m’a rĂ©pondu trĂšs vite par la nĂ©gative en argumentant qu’ils Ă©ditaient du religieux et que mon manuscrit n’entrait pas dans ce cadre. Soit. De la deuxiĂšme, je n’ai jamais eu aucune rĂ©ponse, cela fait un an maintenant, malgrĂ© des mails et une lettre de relance, je n’ai mĂȘme pas Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme digne de recevoir un refus, et mon manuscrit a dĂ» passer Ă  la broyeuse. Mais les choix de cet Ă©diteur sont devenus, comme partout, des choix commerciaux. Avant tout, il faut vendre
 De ces dĂ©convenues, j’ai su tirer du bien puisque ce site entiĂšrement gratuit me procure une joie infinie et de trĂšs belles rencontres spirituelles. Pour autant, je peine encore Ă  ĂȘtre prise au sĂ©rieux quand j’ai un avis Ă  donner sur le plan spirituel. J’ai des origines rurales et ouvriĂšres et deux sĂ©jours en hĂŽpital psychiatrique Ă  mon pedigree, et une certaine Eglise n’aime pas ça. MĂȘme de nos jours, mĂȘme en mĂ©ditant pieusement cet extrait de saint Paul. Et pourtant, dans le Christ, mon parcours est mon bonheur, ma joie d’avoir communiĂ© Ă  sa Croix, ma chance d’avoir cĂŽtoyĂ© les plus humbles parmi les humbles, ceux que l’on ne mentionne mĂȘme pas dans les homĂ©lies et qui emplissent les hĂŽpitaux psychiatriques et sont des clients fidĂšles des pharmacies en psychotropes de toutes sortes. J’ai nouĂ© parmi eux des amitiĂ©s des plus sincĂšres. Seigneur JĂ©sus, se pourrait-il que ton Eglise soit aujourd’hui largement tournĂ©e vers les dĂ©linquants de toutes sortes qui font le mal, et indiffĂ©rente Ă  ceux dont la vie n’est qu’une souffrance subie et souvent due Ă  des tiers ? Se pourrait-il que ton Eglise ait rĂ©solument dĂ©cidĂ© de n’écouter que les sages et les intelligents aux yeux des hommes pour avancer, et de mĂ©priser ce qu’il y a de fou dans le monde ? Source image
LĂ©conomiste Kenneth Boulding est cĂ©lĂšbre pour avoir dit : « Celui qui croit que la croissance peut ĂȘtre infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un Ă©conomiste. » L’expression est reprise Ă  foison car, comme on le sait, il faudrait 2,7 planĂštes s’il Ă©tait permis Ă  chacun sur terre de disposer aujourd’hui du revenu par tĂȘte des Français. Pour
Il y a des jours oĂč on se dit qu’on est vraiment fous ! que si des gens de l’extĂ©rieur nous observaient, ils se diraient qu’à Foi et LumiĂšre, il n’y a que des illuminĂ©s !Les sentiments qui sont les miens aprĂšs l’AssemblĂ©e Provinciale de Paris et le Levant, ce sont la joie, l’émotion, la gratitude envers tous ceux qui Ă©taient lĂ  dans le cadre superbe du CollĂšge des Bernardins et qui ont vĂ©cu cette journĂ©e dans la paix ; ils ont fait preuve d’un amour intense et dĂ©bordant, d’une grande espĂ©rance en confiant la responsabilitĂ© de la coordination de la province Ă  Michel Tabbagh. Il faut dire que Michel n’était pas prĂ©sent, qu’il est hospitalisĂ© pour un traitement lourd qui va le tenir Ă©loignĂ© des soucis de la province pendant plusieurs mois, mais que plein de confiance et d’abandon, il a laissĂ© son nom pour l’ Michel a Ă©tĂ© Ă©lu ! Je ne crois pas que ça soit par charitĂ© que les dĂ©lĂ©guĂ©s ont votĂ© ainsi, mais plutĂŽt par amitiĂ© et pour dire Ă  Michel que la province avait besoin de lui et qu’il fallait qu’il revienne vite. Tous les Ă©lĂ©ments avaient Ă©tĂ© clairement exposĂ©s par Marie-Rose, vice-coordinatrice qui accompagne la province, par l’équipe de nomination, Caroline, François et Sabine. Agathe a Ă©tĂ© nommĂ©e pour faire le lien avec Michel pendant la durĂ©e de sa maladie et ensuite, elle sera disponible pour aider la province, dans un groupe projet par vice-coordinateurs ont Ă©tĂ© Ă©lus pour complĂ©ter l’équipe provinciale et prendre en charge tous ensemble avec Michel et Agathe les prioritĂ©s votĂ©es par l’assemblĂ©e provinciale. La journĂ©e s’est terminĂ©e par une eucharistie trĂšs belle et doit se rendre Ă  l’hĂŽpital pour voir Michel et lui tĂ©moigner de l’amitiĂ© de chacun dans sa province et lui transmettre leurs souhaits de prompt et le Levant est une province pleine de ressources, oĂč la densitĂ© des communautĂ©s est trĂšs importante les distances entre les 30 communautĂ©s ne dĂ©passent pas 100 kilomĂštres, oĂč chacun se connaĂźt bien et oĂč l’amitiĂ© est trĂšs grand merci Ă  tous dans la province pour cette trĂšs belle assemblĂ©e, et je souhaite une bonne route Ă  l’équipe provinciale Michel et Agathe, Maguy, Gilles, Christian, Damienne, Colette, Denis et tout cela s'est passĂ© en prĂ©sence d'une partie de l'Ă©quipe de coordination internationale, avec Marie-Rose bien sur, mais aussi Lucia d'Italie, Mirna de Syrie et Elaine de Nouvelle ZĂ©lande ; l'aumĂŽnier international, le PĂšre Isaac Ă©tait lĂ  aussi. Tous nous pourrons ainsi rendre tĂ©moignage de la beautĂ© de cette assemblĂ©e, de la folle sagesse de la province !
Ily a bien eu des guerres, mais c’était de la barbarie venue d’ailleurs, mĂȘme Alep, Grozny, Sarajevo, etc. – si bien qu’on peut oser dire : etc. Ce furent des injustices,
Des Ă©vĂ©nements rĂ©cents sont venus nous remettre Ă  l’esprit le risque d’une guerre nuclĂ©aire, qui continue de peser sur le monde oĂč nous vivons. Certes je considĂšre improbable que l’un ou l’autre camp prenne dĂ©libĂ©rĂ©ment la dĂ©cision de plonger le monde dans les horreurs insoupçonnĂ©es et les dĂ©vastations qu’entraĂźnerait une guerre nuclĂ©aire totale. Mais aussi longtemps que notre sĂ©curitĂ© dĂ©pendra du maintien de l’ Ă©quilibre de la terreur » mieux vaut regarder en face le risque qu’une telle situation comporte. Le danger d’une rĂ©action en chaĂźne en cas de guerre nuclĂ©aire dĂ©truit d’ailleurs l’argument rĂ©confortant selon lequel l’abondance des armes nuclĂ©aires a aboli le risque d’une guerre totale. On a de bonnes raisons de croire que mĂȘme les prĂ©dictions les plus osĂ©es quant aux ravages que causerait une guerre nuclĂ©aire gĂ©nĂ©ralisĂ©e ou totale ne sont pas exagĂ©rĂ©es. Il n’y a personne pour soutenir que le monde serait encore ce qu’il est aujourd’hui aprĂšs une telle guerre. Toutefois, bien qu’il y ait naturellement de grandes diffĂ©rences entre les effets produits par les grosses bombes atomiques et ceux des armes nuclĂ©aires plus petites, ce serait Ă  mon avis une erreur de supposer que l’on pourrait employer ces derniĂšres sans courir au moins le grave risque de ne pouvoir limiter les hostilitĂ©s aux petites armes nuclĂ©aires. On se rĂ©fĂšre souvent Ă  la nĂ©cessitĂ© qu’il y aurait probablement pour l’ Ă  un premier stade, de s’en remettre Ă  l’emploi de ce qu’on appelle les armes nuclĂ©aires tactiques ; et dans de tels propos ces armes sont souvent assimilĂ©es Ă  une simple forme d’artillerie amĂ©liorĂ©e. Mais, eu Ă©gard Ă  la puissance de feu et Ă  la force de destruction des moindres engins nuclĂ©aires, je considĂšre que cette classification est absolument aberrante. La seule distinction valable qui puisse ĂȘtre faite est entre armes nuclĂ©aires et armes non nuclĂ©aires. L’existence de la sociĂ©tĂ© humaine en question Les effets produits par les armes nuclĂ©aires ont fait l’objet d’études acadĂ©miques rĂ©alisĂ©es par des experts en stratĂ©gie, particuliĂšrement aux Etats-Unis, oĂč les publications officielles ont fait paraĂźtre sur ce sujet de nombreuses informations. Dans son livre sur la guerre thermonuclĂ©aire On thermonuclear War, M. Herman Kahn pose la question Les survivants envieraient-ils le sort des morts ? » ; de son cĂŽtĂ© le professeur Oskar Morgenstern Ă©crit Peut-ĂȘtre que mĂȘme les auteurs de science-fiction ne peuvent imaginer vraiment ce que cela signifierait pour les survivants de voir cinquante, quatre-vingts ou cent millions de gens tuĂ©s en quelques jours, en quelques heures ou en quelques minutes, et des dizaines de millions d’autres gravement atteints et vivant sans espoir dans des taudis, dans l’atmosphĂšre empoisonnĂ©e des dĂ©bris radioactifs. » Enfin dans un livre rĂ©cent, On the prevention of war, M. John Strachey, aprĂšs avoir passĂ© en revue les faits tels qu’ils sont, conclut que mĂȘme une seule guerre nuclĂ©aire viendrait remettre en question l’existence de la sociĂ©tĂ© humaine organisĂ©e. Une sĂ©rie de guerres du mĂȘme genre y mettraient Ă  coup sĂ»r un point final ». Le terme d’arme nuclĂ©aire est couramment utilisĂ© pour dĂ©signer indiffĂ©remment toute arme tirant sa puissance explosive soit de la fission, soit de la fusion nuclĂ©aire. Mais le terme Ă  fission » s’applique spĂ©cifiquement Ă  une arme atomique » de l’ordre d’un kilotonne, tandis que Ă  fusion » correspond Ă  une arme Ă  hydrogĂšne » ou thermo-nuclĂ©aire » de l’ordre du mĂ©gatonne. La production », autrement dit la puissance, des moyens nuclĂ©aires se mesure en tonnes Ă©quivalant aux quantitĂ©s d’explosifs classiques TNT et s’exprime soit en kilotonnes Kt — 1 Kt vaut 1 000 tonnes de TNT — lorsqu’il s’agit d’armes atomiques ou Ă  fission », soit en mĂ©gatonnes Mt — 1 Mt vaut 1 000 000 de tonnes de TNT — s’il s’agit de bombes Ă  fusion » ou thermonuclĂ©aires. Une bombe Ă  fission du type Hiroshima 20 Kt Ă©quivaut donc Ă  une force explosive de 20 000 tonnes de TNT, et une bombe Ă  fusion de 10 Mt produit une Ă©nergie Ă©gale Ă  celle de 500 bombes Ă  fission de 20 Kt. A titre de comparaison, on se rappellera que les bombes trĂšs lourdes du type classique lancĂ©es d’avions au cours de la derniĂšre guerre Ă©taient de l’ordre d’une tonne. Les plus lourdes contenaient 6 tonnes de TNT et pouvaient dĂ©truire une rĂ©gion couvrant Ă  peu prĂšs 300 mĂštres carrĂ©s. Une bombe de 20 Kt peut, elle, dĂ©truire des constructions en brique de type courant sur une surface de 8 kilomĂštres carrĂ©s et peut causer des dĂ©gĂąts considĂ©rables, par suite des radiations, sur une surface double. Une bombe de 10 Mt cause la destruction d’une rĂ©gion couvrant environ 400 kilomĂštres carrĂ©s, et ses radiations peuvent ravager plus de 20 000 kilomĂštres carrĂ©s. Elle pourrait donc anĂ©antir complĂštement une zone construite qui possĂ©derait les dimensions de l’une des plus grandes capitales du monde. On a calculĂ© que, pour un pays comme la France, de 500 000 Ă  600 000 kilomĂštres carrĂ©s, peuplĂ© de 40 Ă  50 millions d’habitants, la destruction totale des moyens de vie serait rĂ©alisĂ©e avec 6 000 bombes Ă  fission, ou de 20 Ă  30 bombes Ă  fusion, pourvu qu’elles soient bien rĂ©parties sur toute la surface. D’autre part on a estimĂ© qu’une attaque prĂ©vue pour dĂ©truire les 150 principales villes amĂ©ricaines tuerait — sans qu’il soit tenu compte des abris contre les retombĂ©es ou des moyens d’évacuation — entre 160 et 180 millions de citoyens amĂ©ricains. Outre la force de l’explosion et la chaleur, qui ont les plus grands effets sur les constructions et les installations d’équipement, chaque explosion nuclĂ©aire s’accompagne de radiations thermiques et nuclĂ©aires qui, elles, produisent les plus grands effets sur la population. A Hiroshima et Ă  Nagasaki, les brĂ»lures causĂ©es par l’explosion provoquĂšrent de 20 Ă  30 % des dĂ©cĂšs. Pour une bombe de 20 kilotonnes, les individus non protĂ©gĂ©s pourraient ĂȘtre atteints de brĂ»lures fatales jusqu’à 1,5 kilomĂštre de distance, et jusqu’à 3 kilomĂštres les brĂ»lures seraient sĂ©rieuses. Ces mĂȘmes distances, dans le cas d’une bombe de 20 mĂ©gatonnes, se multiplient par 20. Il est plus difficile d’établir les effets de la radio-activitĂ© et des retombĂ©es. On peut trouver des retombĂ©es locales Ă  une distance comprise entre 150 et 500 kilomĂštres Ă  partir du point 0 au sol et sur une largeur supĂ©rieure Ă  60 kilomĂštres, ces chiffres variant selon la puissance de la bombe, la force du vent et les conditions atmosphĂ©riques. Les retombĂ©es globales ne se manifestent pas immĂ©diatement aprĂšs l’explosion mais leurs effets Ă  long terme sont considĂ©rĂ©s comme trĂšs dangereux. Les Etats-Unis, l’Union soviĂ©tique et le Royaume-Uni disposent actuellement d’engins Ă  fission et Ă  fusion dont la force explosive varie entre 20 kilotonnes et 20 mĂ©gatonnes et qui peuvent ĂȘtre transportĂ©s soit par des bombardiers stratĂ©giques, soit par fusĂ©es MRBM et ICBM, L’Union soviĂ©tique a d’autre part procĂ©dĂ© Ă  l’essai d’une arme de 50 mĂ©gatonnes. Enfin les Etats-Unis et l’ ont produit tous deux des armes nuclĂ©aires destinĂ©es Ă  un usage tactique et dont la puissance explosive varie entre 1 et 20 kilotonnes. Une guerre nuclĂ©aire limitĂ©e peu probable Tandis que la dĂ©couverte des armes nuclĂ©aires, il y a une vingtaine d’annĂ©es, a rendu disponible une Ă©norme puissance explosive, le dĂ©veloppement des fusĂ©es, survenu au cours des dix derniĂšres annĂ©es et qui permet de transporter en quelques minutes cette force explosive Ă  des distances intercontinentales, marque une rĂ©volution aussi importante que la dĂ©couverte de la fission nuclĂ©aire elle-mĂȘme. Le fait d’avoir des stocks d’engins nuclĂ©aires ne suffit plus aujourd’hui Ă  donner une vĂ©ritable capacitĂ© nuclĂ©aire Ă  un Etat. Le facteur essentiel est dĂ©sormais la possession des vĂ©hicules porteurs pour utiliser ces engins. La concentration des efforts sur la stratĂ©gie de dĂ©fense active, destinĂ©e Ă  dĂ©truire les moyens de rĂ©torsion de l’adversaire, ainsi que le renforcement des bases de fusĂ©es que l’on observe actuellement signifient tous deux que l’on met l’accent sur les armes de prĂ©cision et de grande puissance. A l’intĂ©rieur de l’alliance atlantique, prise dans son ensemble, le problĂšme du transport des bombes et engins nuclĂ©aires ne se pose pas. Il y a deux ans un expert amĂ©ricain avait dĂ©clarĂ© d’autre part que les Etats-Unis possĂ©daient environ 1 000 bombes Ă  hydrogĂšne, chacune capable d’anĂ©antir une citĂ©, et qu’ils disposaient d’une quantitĂ© suffisante de matĂ©riel de rĂ©action en chaĂźne pour en fabriquer un demi-million. Contre les troupes en opĂ©rations sur le terrain, les effets des armes nuclĂ©aires tactiques sont tels qu’il faudrait s’attendre que le taux des victimes soit trĂšs Ă©levĂ©. Dans le cas d’une bombe atomique de 2 Kt, tous les hommes Ă  dĂ©couvert seraient atteints immĂ©diatement sur un rayon de 550 mĂštres Ă  partir du foyer de l’explosion au sol et sur un rayon de 900 mĂštres tous les hommes seraient atteints en l’espace de quatre heures. S’ils sont Ă  l’abri dans des tranchĂ©es, ces distances se rĂ©duisent Ă  des rayons de 400 Ă  650 mĂštres respectivement. Et puisque l’on a prĂȘtĂ© une grande attention Ă  l’emploi sur les champs de bataille de fusĂ©es sol Ă  sol de courte portĂ©e, les projets d’interdiction de l’emploi d’armes nuclĂ©aires par les forces aĂ©riennes tactiques pourraient bien constituer le danger le plus sĂ©rieux de rĂ©action en chaĂźne en cas de guerre nuclĂ©aire. Au cours de la manƓuvre de l’ Carte blanche » en 1955, 3 000 avions furent mis en action et lancĂšrent » 335 bombes. On en dĂ©duisit que les victimes devaient ĂȘtre estimĂ©es Ă  1 700 000 morts et 3,5 millions de blessĂ©s, sans tenir compte des effets de la radio-activitĂ© produite par les bombes. De ces chiffres les auteurs soviĂ©tiques ont conclu Ă  l’évidence des dangers que prĂ©senterait une guerre nuclĂ©aire, ce qui a pu avoir une certaine influence sur l’opinion russe. Mais ces chiffres semblent aussi contredire que la thĂ©orie d’une guerre nuclĂ©aire limitĂ©e est une doctrine rĂ©aliste. Tout examen des effets produits par les armes nuclĂ©aires met en Ă©vidence la conclusion que la guerre nuclĂ©aire, Ă  quelque Ă©chelle que ce soit, est d’un type et d’une amplitude diffĂ©rant entiĂšrement de ceux des hostilitĂ©s caractĂ©risĂ©es par l’emploi d’armes tactiques, et que le passage d’un stade Ă  l’autre est d’une importance cruciale. Cela me semble aussi rĂ©vĂ©ler que si les armes nuclĂ©aires sont de nature Ă  dĂ©courager l’agresseur, elles ne peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour la dĂ©fense du territoire. Toute la conception de la dĂ©fense occidentale doit ĂȘtre fondĂ©e sur le principe qu’il faut empĂȘcher la guerre et sur la nĂ©cessitĂ© d’éviter le dĂ©clenchement d’une rĂ©action en chaĂźne si jamais des hostilitĂ©s limitĂ©es devaient Ă©clater et entraĂźner l’utilisation d’armes nuclĂ©aires. Dans ces conditions le dĂ©sarmement gĂ©nĂ©ral, soumis Ă  l’inspection et au contrĂŽle, n’a pas besoin d’autre justification.
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ce qu il ya de fou dans le monde